jeudi 28 juin 2007

Essai

Ma fifille à moi que j'ai qu'elle est gentille comme tout elle m'a offert aujourd'hui des craies aquarellables. Comme il ne faut surtout pas décourager les bonnes intentions j'ai vite fait un essai sur du papier pour aquarelle pour voir ce que ça donne. Pas du super papier qui me coûte un rein, du papier de base, pour un simple essai, et bien c'est plutôt agréable comme matériau! Il a une manière de diffuser quand on passe un pinceau mouillé qui me plait bien (mais ça dépend sans doute aussi du traitement de surface du papier justement), il permet un petit côté aléatoire qui correspond à ma recherche actuelle et ça me donne envie de tenter la même chose en plus grand (là, le dessin doit faire une dizaine de centimètres en hauteur). Et puis ça me permet de jouer avec les couches, alternativement sèches et humides. Affaire à suivre!

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Odeurs

Il y a quelques mois, en ouvrant la porte de l'escalier dans la maison de mes parents j'ai été frappée de retrouver presque intacte l'odeur de la maison du temps où elle était habitée par mon grand-père. Je ne vais plus guère dans cette maison, trop loin et trop perchée pour mes déplacements à bicyclette et le téléphone a remplacé les visites plus que fréquentes d'il y a quelques années. J'emploie le terme "frapper", non pas que la sensation ait été désagréable, mais elle a été soudaine. Plouf plouf, je recommence: j'ai été interloquée de retrouver presque intacte l'odeur de la maison. C'est mieux comme ça? À propos, que veut dire précisément ce terme, "interloquer"? Vite, un dictionnaire parce qu'apparemment il y a à manger là-dedans… Inter paroles? Se retrouver entre deux mots? Je vais voir…

Moui, il y a de ça: inter et loqui "parler, s'exprimer", et ça a pris le sens de "embarrasser, rendre interdit, décontenancer". Merci Monsieur Alain Rey.

Plus que m'embarrasser, cette sensation avait coupé le fil de mon discours interne, elle s'était imposée comme "interlocutrice". Je pensais que cette odeur était celle de mon grand-père, de sa maison, du vieux papier peint vert d'eau qui tapissait les murs de l'escalier et du couloir des chambres, avec des décalcomanies de papillon, quelques cadres avec des chromos, de la rampe en bois peint (en vert d'eau aussi, bien sûr…). Plus que de mon grand-père, c'était surtout l'odeur qui signifiait que nous allions dormir chez lui, avoir accès à l'étage inaccessible pendant la journée, de même que l'odeur du petit salon, celui avec le billard russe et les meubles rococo et inconfortables, avec les relents de l'essence de la Simca 1000 remisée dans le garage qui donnait dans cette pièce, cette odeur-là signifiait que nous entrions dans le domaine des grands, avec ses interdictions et ses merveilles. Ne pas jouer avec le billard, juste pousser les boules avec la main, ne pas utiliser les queues pour ne pas trouer le tapis, ne pas faire rentrer de gravier dans la maison, ne pas trop s'approcher des vitrines aux bibelots précieux (hum…), ne rien déranger, "toucher avec les yeux" le petit porte-monnaie en résille d'argent, la minuscule paire de ciseaux en nacre, les jumelles de théâtre, exploser d'envie de jouer au billard, se contenter d'écouter le bruit mystérieux du chemin que les boules parcouraient dans le ventre du coffre en bois, qui s'achevait par un Clank retentissant quand elles aboutissaient dans le tiroir où nous pouvions les récupérer pour recommencer. Étonnant comme ce bruit nous ravissait autant qu'il finissait par horripiler les adultes…

Retrouver cette odeur presque inchangée alors que les habitants ne sont plus les mêmes, que le papier peint a été changé, que j'ai vécu longtemps et souvent dans cette maison jusqu'à m'y sentir parfaitement à l'aise comme un colimaçon peut se sentir à l'aise dans sa coquille, oui, ce fut un choc. Mon odorat avait perdu la cécité de l'habitude et la maison reprenait d'un coup son individualité, elle n'était plus le prolongement de nos gestes mais un objet, un très gros objet, avec son individualité et son histoire qui a commencé avant nous et continuera après nous si les termites lui laissent vie.

Dans "la vallée de mon enfance", les odeurs aussi étaient très présentes, bien sûr, mais en retournant des années après dans la maison, je n'ai rien retrouvé. Elle avait été refaite de fond en comble, le sol avait été nivelé, l'escalier vermoulu avait été remplacé, elle sentait le neuf. Le rien donc pour moi qui n'ai jamais vécu dans du neuf.

Je parlais du grenier hier et mon petit frère m'a écrit qu'il retrouvait son odeur, prêt à éternuer. C'est vrai que ces combles étaient pour le moins odorants… Dans la première chambre de l'étage, un mur était occupé entièrement par trois portes. Celle de gauche donnait dans un cagibi que mon père avait transformé en labo-photo, celle du milieu donnait sur l'escalier pour rejoindre la salle du bas, celle de droite donnait sur le grenier. Elle s'ouvrait mal il me semble, jamais entièrement, raclait le plancher. À peine entrouverte, c'était le royaume des odeurs. Les marches étaient en bois gris, brut, plein d'échardes, purement utilitaire, un escalier de grenier autrement dit. L'espace sous le toit était partagé arbitrairement en trois parties, délimitées par les grosses poutres horizontales. La première avait été aménagée par un de mes frères aînés, elle était donc presque civilisée, j'avais annexée celle du fond, le long des planches à claires-voies, celle du milieu restait à l'état sauvage. Un amoncellement de meubles, de revues, de… choses. Ça sentait donc la poussière compacte, les crottes de souris, les pipis de matous en maraude, les vieux livres, les tuiles chauffées, le bois sec mais aussi le foin de la grange adjacente, un peu le fumier qui séchait dans l'arrière-cour de la ferme, le lisier des poules, l'essence mal brûlée quand le fermier mettait en marche sa scie circulaire, par-dessus tout ça, les châtaigniers en fleurs à la fin du printemps, la cuisine de ma mère à l'heure des repas. Tous ces parfums se mélangeaient pour donner ce résultat ineffable (que l'on ne peut raconter, même si ça fait des lignes que j'essaie justement de le décrire…) que l'on pouvait presque percevoir en volutes soulevées dans notre sillage.

Une autre sensation olfactive très forte, une expérience sensorielle plutôt, avait lieu quand nous allions chercher le lait le soir. Normalement, on déposait le pot à lait en aluminium je ne sais quand dans la journée et on pouvait le récupérer le soir mis au frais dans le bassin avec ceux des autres habitants mais parfois nous allions le faire remplir directement dans l'écurie (je rappelle que le terme écurie désigne tout local destiné aux bêtes, on peut même parler d'écurie des lapins…) par Odette en train de traire les vaches. Entrer dans l'écurie était… comment dire… il faut l'avoir vécu je crois pour comprendre ce qu'est vraiment une odeur, sa puissance, sa présence physique. Rien d'évanescent dans ces effluves mais plutôt un mur compact qu'il fallait presque aborder épaule en avant pour se frayer un chemin. Un choc dans les narines, une suffocation, les yeux qui pleurent, la tentation du recul. Mais avec un peu de courage, on s'y fait relativement vite. Un peu d'habitude aussi… Odeurs de paille, foin, corps des vaches, poil, sueur, lait chaud formaient la base de ce mélange, mais la note de tête, la palpable, enveloppante, suffocante, était l'odeur de fumier chaud, encore vivant ai-je envie d'écrire. Nous nous retrouvions pétris dans cette masse odorante, dans la chaleur des animaux, dans la pénombre à laquelle il fallait s'habituer. Et quand Odette remplissait notre bidon, c'était cette odeur fade et sucrée du lait, suivie de celle de la boite de sardines vide qui servait de gamelle aux chats qui attendaient leur tour, blottis dans une niche du mur.

Quand nous ressortions de l'écurie, la notion d'air frais prenait tout son sens! Les poumons se redépliaient, la nuit paraissait douce, l'image parait trop forte mais je pense qu'il y avait quelque chose d'assez proche d'une nouvelle naissance, en quittant cet antre quasi-utérin où se déroulaient toutes les phases de la vie, nourriture, déjection et mort et naissance des veaux pour retrouver le plein air (pour la première fois de ma vie, je saisis vraiment le sens de cette formule: l'air que l'on peut respirer "en plein"…), même si nous gardions longtemps comme une pellicule d'odeur sur nos vêtements et nos mains.

Maintenant que je suis adulte, que je ne vais plus "chercher le lait", j'aime quand certains fromages sentent "l'entre-sabots", c'est comme me faire une tartine de souvenirs sur du pain!

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mercredi 27 juin 2007

Pluie

Je suis allée tout à l'heure en clopinant chercher des clopes. Oui, bon, je sais, fumer c'est mal, mais il faut bien que je rééduque cette cheville et puis, clopiner et clope, c'est euphonique, donc c'est tout bon.

Cette démonstration étant faite, je voulais parler du temps qu'il fait. Pourri, certes, on pourrait le résumer ainsi mais n'allons pas si vite, car c'est de la pourriture d'été, et on fait un très bon vin avec les raisins touchés par la pourriture noble, alors!

Je sais, j'ai les idées qui partent dans tous les sens, c'est à cause de ma cheville, non pas qu'elle soit le siège préféré de mon intelligence foudroyante mais je l'ai à nouveau molestée hier soir en voulant sauver un minuscule chaton qui se précipitait vers le rebord du balcon. N'écoutant que mon dévouement, je n'ai pas écouté mon entorse et je crois bien que j'ai annulé cinq jours de sagesse et j'ai bien plus mal qu'au début. Cherchez l'erreur! Ou la bêtise…

Je marchais donc, tout en pestant et boitillant, quand au détour d'un jardin une saute de vent frisquet m'a remis en mémoire toutes ces journées d'étés gâchées par un temps maussade. Ces journées que nous passions en bottes en caoutchouc au cas où nous aurions voulu sortir quand même, le frottement du rebord de la botte sur le mollet qui finit par être brûlé puis coupé, les herbes hautes, froides et mouillées, qui frottent les jambes, le dégoût en trouvant ensuite ces minuscules limaces marbrées entre la chaussure et le pied.

La pluie nous rabattait dans ce bout de maison où nous habitions à six dont quatre enfants dans finalement assez peu de mètres carrés. Une chambre pour les parents, une chambre pour les deux grands, une chambre pour les deux petits, chambre qu'il fallait traverser pour atteindre la précédente, une pièce à tout où se tenaient le chauffage, la cuisinière, la grande table avec un banc et des tabourets, le poste de télévision et l'évier, creusé dans l'épaisseur du mur, avec un simple robinet d'eau froide. C'était succinct mais ça nous convenait parfaitement, du moins à nous les enfants. D'autant plus que si la maison était petite, elle présentait l'avantage ineffable d'être un ancien bout de corps de ferme et donc, face à elle, sous le même toit, se trouvaient un vieux four à pain au plafond effondré, deux cabanes (anciennement soue à cochons et écurie à chèvres sans doute) et un cagibi qui devait servir de poulailler. Autant dire que nous devions passer autant de temps dans ces cabanes que dans la maison! En grandissant les aînés ont investi la cave puis le grenier de la maison, laissant à nous les petits l'usage de ce qui devenait nos vrais lieux à nous, espaces privés où nous pouvions laisser libre cours à nos envies d'organisation.

Rebuts de bricolages, vieux tissus, chutes de bouts de bois, tout nous était bon pour aménager nos cabanes où nous rangions nos trésors divers et parfois avariés. Le chic du chic était de pouvoir mettre un crochet pour fermer les grosses portes en bois vermoulu. Enfin un chez soi! Un "cric-crac" pour reprendre notre terminologie enfantine qui servait à désigner un coin imaginaire où nous ne pouvions plus être atteints en cas de bagarre. Un peu comme "pouce" ou "quine" (pour ceux qui connaissent) mais avec une petite notion en plus, c'était une manière à peu près élégante de mettre fin au combat mais avec l'idée que nous y retournerions une fois le souffle recouvré. Un bouton "pause" en quelque sorte.

Le soir avant de nous endormir, nous discutions mon petit frère et moi de nos projets d'aménagement des cabanes et je me souviens qu'un matin je l'ai vu revenir dans la chambre avec la cuisse brûlée: il était passé à travers le trou dans le plancher du poulailler, au dessus de ma cabane et la peau était toute rougie par le frottement du ciment. Il a fini plus tard par aménager complètement ce poulailler pour s'en faire une vraie chambre à lui, en ajoutant une cloison, posant une porte, des vitres, des lambris. Le luxe!

De mon côté j'avais investi le grenier, avec un lit remisé dans ce fourre-tout, une table, des étagères en planches posées en travers d'un escabeau. J'accrochais mes mobiles faits de bric et de broc et surtout de n'importe quoi aux poutres, j'ai même installé un hamac crocheté de mes blanches mains avec de la ficelle. Et bien, je peux vous dire que j'avais dû mal choisir la ficelle car à mon premier essai, le hamac a craqué sous moi et je me suis retrouvée par-terre, interloquée et douloureusement surprise!

C'était un grenier sous un demi-toit en pente, avec deux fenêtres au ras du sol, plutôt que des fenêtre de simples ouvertures qui donnaient directement sur la façade, sans vitre ni appui, au dessus d'un vide relativement important puisque ça représentait un troisième étage (le décrochement amenant à la cave, le rez-de-chaussée, l'étage puis le grenier). Fermé sur deux côtés par les murs de séparation avec les maisons mitoyennes, la dernière paroi était constituée d'un muret de pierres puis de grandes planches espacées. Autant dire que cette "chambre" était ouverte à tous les vents et à tous les bruits.

J'y ai dormi parfois et c'était une expérience étonnante que celle d'être à la fois dehors et dedans. Sous un toit certes mais sans le côté cocon rassurant que peut présenter une tente (sauf en cas d'orage…). Les bruits du bois qui craquent, les chats en maraude qui viennent réinvestir leur terrain de chasse nocturne, les hululements des chouettes dans la forêt proche et surtout ce cri que pousse un oiseau inconnu, peut-être un engoulevent, cri déchirant qui réveille en sursaut avec le cœur qui bat la chamade et la certitude soudaine d'être mortel.

Ces longues, interminables périodes de pluie étaient aussi l'occasion de partir à la chasse aux escargots, les gros dits de Bourgogne. Nous en ramassions ainsi au petit matin ou en début de soirée des quantités assez considérables que nous donnions ensuite au père d'un copain qui savait les préparer. Pour nous, les escargots ça ne se mangeait que début juin, lors du repas d'anniversaire de notre grand-père, avec la sauce au beurre, ail et persil, pendant ces interminables agapes d'adultes où je m'ennuyais à cent sous de l'heure, hermétique encore aux plaisirs des discussions pendant un apéritif sans fin.


La pluie, c'était aussi l'occasion de jouer à l'école dans cette pièce toujours fermée de la ferme où trônait un énorme meuble en bois verni, sombre, funéraire, état neuf, meuble d'apparat pour une pièce inutilisée ou plutôt dans laquelle étaient stockés des habits en vrac, des corbeilles débordantes de médicaments et je ne sais plus quoi. Dans un angle démarrait cet étrange second escalier, parallèle à celui du couloir, qui menait dans ce qui s'appelait la chambre du blé et qui était auparavant la chambre de la grand-mère. Pourquoi deux escaliers dans cette maison? Encore un de ces mystères que nous ne cherchions pas à résoudre. C'était comme ça, un point c'est tout, connaître les coins à escargots était bien plus important!

(et pour illustrer ce propos, un dessin aux crayons de couleurs, exhumé pendant mes explorations d'archives pour mon site...)

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mardi 26 juin 2007

Bidule, c'est fini et dire que c'était la laine feutrée de mon premier essai (de non animalier)


(image cliquable pour voir les détails)

Allez hop, on va dire que c'est fini, hein? Des petits rondibis en laine sur le côté, quelques rajouts dans la presque-végétation pour que l'on ne voie plus le fond blanc et c'est fait.

Pour pallier l'aspect par trop paysager du résultat, j'ai trouvé une super parade: je retourne l'objet et hop, ça devient plus équilibré et plus sympathique, je trouve. Du coup je ne rajoute pas de perles de rocaille, je laisse comme ça et je vais pouvoir passer à autre chose. Tiens, ça fait longtemps que je ne vous ai pas raconté de petites chroniques d'enfance...

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Bidule, ça continue


L'option paysage est plus que confirmée, me voilà donc avec une sorte de palette de textures. Pour le bas, j'ai appliqué la laine cardée effilochée verticalement et je n'ai piqué que la partie inférieure, laissant la partie haute libre, ce qui donne une idée de végétation (peut-être pas très lisible quand l'image est scannée, certes…).

Maintenant j'ai envie de continuer à nourrir un peu le bas de l'image et de coudre des perles dans le "ciel". Et de me lancer un jour plus tard qui sait dans un grand format (là c'est tout petit, 15 x 12 cm), dès que j'aurai trouvé un grand morceau de feutrine pour le fond.

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lundi 25 juin 2007

La suite du bidule





Ça avance, ça avance! J'essaie de varier les textures pour ne pas obtenir un résultat trop figé. J'ai commencé par coudre des perles pour pouvoir ensuite les inclure dans les torsades de fil. Petit à petit, à quoi bon le nier, une notion de paysage est en train de s'imposer à moi, je ne dois pas être mûre pour l'abstraction… J'en arrive à une sorte de soleil sur une mer étale avec des nuages boursouflés. Un orage rouge-orange? Mais chacun peut y voir ce qu'il veut. En retournant l'objet peut-être?

J'ai quand même "pris sur moi" pour contrer mes penchants à une trop grande régularité en laissant un décrochage à gauche du "soleil" et j'ai fait partir de ce point une série de bandes de laine en les découpant de telle manière qu'elles commencent toutes par le même rouge.

Pour la suite, je vais chercher une autre texture pour faire un premier plan contrasté. Peut-être des petites boules de laine, même si ça promet d'être long mais ça me permettra d'utiliser toutes ces petites chutes. Une sorte de cohérence interne, quoââââ…!

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samedi 23 juin 2007

Bidule



Je me lance, depuis le temps que je veux faire quelque chose avec cette grosse pelote de laine cardée…

J'ai pris un rectangle de laine feutrée blanche, des perles en vrac, le support à piquer et la pelote et hop, je me suis lancée au hasard. Je ne sais pas trop où je vais, j'ai juste envie de jouer avec cette matière, de varier les textures, de coudre, coller, piquer, essayer quoi. On verra bien ce que ça donne et je vous tiens au courant, promis (enfin, sauf si ça foire lamentablement, auquel cas ce sera silence radio, merci de votre compréhension!).

Ah, et puis c'est une activité impeccable pour peaufiner mon bronzage-zèbre en piquant la laine, assise dans un fauteuil sur le balcon, la jambe affreusement blessée posée sur un tabouret avec son orthèse bleu-roi. Quand je vais ôter ce machin insupportable, dans un mois donc apparemment, le résultat vaudra le coup d'œil. Du moins si je résiste jusque là…

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vendredi 22 juin 2007

Accident de jupe


J'ai retrouvé cette canne chez moi, accrochée au porte-manteaux sous les vestes d'hiver qu'il serait judicieux que je range jusqu'au mois d'août (s'il est aussi chaleureux que celui de l'an dernier…)

Il s'agit d'une canne en noisetier que j'avais faite pour ma fille aînée il y a une bonne dizaine d'années, pendant des vacances à la campagne dans le Vercors; elle est vraiment faite sur le modèle des bâtons à vache de mon enfance, avec le principe de la spirale sur la longueur, même si l'écorce découpée en formes d'initiales sur la poignée a fini par se détacher.

J'ai été très contente de la retrouver car elle me sert beaucoup depuis deux jours car j'ai été victime d'un accident de jupe mercredi après-midi. Oui oui, vous avez bien lu, un accident de jupe… Je mène une vie trépidante et dangereuse, vous allez pouvoir vous en rendre compte.

J'étais au téléphone avec ma Moooman à moi et nous bavardions de choses essentielles, à savoir déterminer son arbre fétiche. Quand je dis que j'ai une vie trépidante! Je me dirige donc d'un pas altier et léger vers le bac en osier où je range les revues de gonzesses, pêle-mêle avec un tigre et un singe en peluche dépiautés, des boules de Noël décrochées tardivement et un cutter pour finir de racler la peinture sur la fenêtre.

Je m'empare de la revue, je fais demi-tour dans l'espace ridiculement restreint entre une chaise et une boîte à chats et je me dirige vers le milieu de la pièce ou plutôt je tente de le faire car je me suis retrouvée bloquée par ma jupe restée accrochée à une palette bois stockée dans le salon (oui, je sais, c'est le souk chez moi…). Stoppée net dans mon élan, je me suis lamentablement cassé la margoulette sur le sol et ma Moooman a eu la surprise de m'entendre pousser une série de jurons que la décence m'interdit de reproduire ici.

Bilan des courses: une entorse de la cheville droite. Pas de fracture d'après les radios. Et la pose d'une attelle d'un bleu délicat maintenue par des scratchs qui grattent.

Voilà pourquoi j'ai vécu des retrouvailles émouvantes avec le principe de la canne en noisetier…

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mercredi 20 juin 2007

Les châtaigniers

Amusant: ce week-end je parlais avec une amie des arbres, de leur présence, de notre rapport à eux. C'était au bord du lac Léman, à Thonon, et elle me montrait des parcs somptueux mais mon regard se portait toujours sur les châtaigniers des bords de route, d'autant plus qu'ils étaient en fleurs et que cette odeur est envoûtante. Ce qui est amusant donc c'est que de retour chez moi je feuillette une revue pour gonzesses (ben oui, c'est mon péché mignon, une excellente lecture de fond de couloir, si vous voyez ce que je veux dire), j'ai ainsi appris que mon arbre dédié est justement le châtaignier. Comme quoi, ils ne disent pas que des bêtises! Si? Ah bon…

Ces arbres, c'est toute mon enfance, ils font partie de ma trilogie arborée avec les charmes et les noisetiers. Tout d'abord, c'est un arbre prodigue, on peut jouer avec ses feuilles d'un vert magnifique, un vert juste vert, pas jaunasse, pas délavé, un vert total. Si vous pincez l'intervalle entre deux nervures et que vous tirez, vous obtenez un accordéon de… comment appelle-t-on ça? Un accordéon de matière de feuille, et il reste les nervures. Vous avez ainsi obtenu au choix: des arêtes de poisson (pratique pour jouer à la dînette), un peigne mou (pas pratique du tout par contre), un outil à faire des guilis sur les bras. Merveilleux, non?

Ensuite, il y a les fleurs, à l'odeur déjà évoquée. Elles ne sont pas belles, des grappes d'inflorescence verdâtres, pas de quoi s'extasier à les voir de près, mais quand elles forment une houppe au sommet des branches qu'elles couronnent de clair, c'est autre chose! On repère ainsi de loin tous les châtaigniers dans les talus et les forêts.

Il y a aussi les fruits, bien sûr… Il faut attraper le coup de main ou plutôt le coup de pied pour ouvrir les bogues sans les toucher. On en cale une sous le pied maladroit et de l'autre, le plus dégourdi, on applique une pression pour ouvrir le "hérisson". Il faut évidemment tout d'abord le placer de la façon adéquate, avec la couture sur le dessus. Et là, c'est toujours un émerveillement de voir apparaître les trois fruits, le beau et ses deux compagnons tordus. Leur couleur est tellement parfaite, riche, soutenue, la peau tendue sous la pression de la maturité, les petites stries plus claires pour éviter la monotonie. Et puis c'est un fruit solide, que l'on peut garder sans qu'il s'abîme pendant un certain temps. Pas un fruit déprimant comme ceux qui se talent tout de suite, demandent à être transportés avec des précautions de jeune mariée. Non, du vrai fruit pour gamins, du fruit de chapardage, du fruit à garder au fond des poches. D'ailleurs, je me souviens que quand j'étais petite, un bon pantalon était un pantalon aux poches multiples et pratiques. Peu importait qu'il soit à la mode, moulant ici, flou ailleurs, l'idéal était qu'il permette d'emmener avec soi, y compris dans nos escalades arboricoles, des noisettes, des noix, des châtaignes et un couteau, sans les déverser au premier geste.

Il y avait aussi ce qu'on appelait les "bobues". Ce sont ces fruits "regrignés", au derrière pincé, souvent mal coloriées, blanchâtres, et au goût inintéressant. Celles-là, je les donnais au poney. À la fin de la récolte, les bogues étaient rassemblées en un grand tas et brûlées dans un grand feu. C'est sur le bord de ces cercles noircis que l'on trouvait à la Pentecôte les asperges sauvages que je mangeais crues en me forçant à ignorer qu'elles étaient souvent infestées de toutes petites bestioles rouges, des larves de je ne sais quels insectes. Bah, ça rajoutait des protéines…!

À l'automne, j'aimais me promener seule avec les chiens avec, au fond de la poche de l'anorak, un stock de châtaignes bouillies, encore chaudes de préférence. En appuyant avec les dents sur la base plus tendre, on pouvait les "décapsuler" et en grignoter l'intérieur comme une pâte.

Nous n'étions pas les seuls à apprécier ces fruits d'automne et les "gens de la vallée" avaient eux aussi repérés ces énormes châtaigniers. C'était à chaque automne l'occasion d'une guéguerre parfois source d'invectives. En effet, les châtaignes tombées sur la route sont libres d'accès pour tout le monde, c'est la loi (réelle ou coutumière? Je ne sais pas) mais ces intrus culottés n'hésitaient pas à venir les ramasser dans les champs privés et à grands renforts de sac à patates!!! Et là, ce n'était plus tolérable car elles étaient la propriété des fermiers et une source de revenus pour eux, c'était donc du vol pur et simple. Aller le faire remarquer aux maraudeurs était souvent le meilleur moyen de se faire insulter. Je me souviens qu'une fois nous avons attendus qu'ils se soient un peu éloignés de leur sac pour aller le chiper à notre tour et ils n'ont pas osé venir le récupérer dans la cour de la ferme… Bien fait!

Tout ceci ne nous aidait pas à voir d'un bon œil l'intrusion de ces "étrangers", ça et les remarques condescendantes, sans parler des poules, des chiens ou des chats écrasés. Mais ça m'a rendue tout aussi réticente à la notion de tourisme, que ce soit dans un pays étranger ou dans les campagnes françaises, je suis mal à l'aise dans un endroit dont je ne connais pas les us et coutumes, j'ai toujours peur de faire une gaffe, d'être grossière et illégitime dans mes comportements. Et finalement, après une enfance plutôt campagnarde, je me sens presque mieux à la ville où je ne me pose pas ce genre de questions.

Les châtaigniers, c'était aussi ces troncs énormes, noueux, penchés, cette écorce crevassée qui rendait leur escalade relativement aisée. Je parle là des très vieux arbres qu'il y avait autour du hameau. L'un d'eux est même sensé dater d'Henri IV, c'est vous dire… Je vous montre les photos où on voit ma fille devant et sur l'arbre. Comment ne pas se sentir protégée par une telle masse de bois et de feuillage?!?



Quand plusieurs de ces arbres centenaires ont été abattus pour faire place à une maison individuelle, j'en ai conçu un vrai chagrin, j'assistai au massacre au bulldozer depuis le grenier de la maison de mes parents, j'entends encore le grincement déchirant du bois qui cédait, c'était leur fin et la fin d'un de nos terrains de jeux favoris, celui où étaient entreposés les chars à foin, où nous avions fait une cabane adossée à un tronc, le pré où nous organisions nos tours de vélo, le début de la fin de l'enfance aussi.

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mardi 19 juin 2007

Le Ruisseau

Le hameau où nous habitions était distant d'une paire de kilomètres du village proprement dit. Enfin, disons plutôt du regroupement un peu plus important de maisons autour de l'église, de l'école et de deux cafés-restaurants. Le reste des maisons est réparti en hameaux plus ou moins importants le long de la vallée étroite où coule le Tenaison.

De temps en temps nous allions au Ruisseau. Nous ne l'appelions pas par son nom, après tout, il n'y en avait pas d'autres alors à quoi bon se casser la tête... S'agissait-il d'un ruisseau? D'un torrent? Disons un petit torrent de basse montagne au fond d'un ravin, très ombragé, avec ses deux rives parcourues par des chemins de pêcheurs. Je ne connais qu'un seul itinéraire pour y accéder, je sais qu'il en existe un autre qui part sous l'église et qui aboutit à un pont à partir duquel on peut remonter sur l'autre versant et aborder le village voisin (et rival, bien sûr) mais je ne l'ai jamais pris. En fait nous vivions vraiment en vase clos, assez cantonnés aux terrains de "notre" hameau. Il n'y avait pas beaucoup d'enfants de notre âge et je ne connaissais pas les amies d'école de mes copines. Bref, tout nouveau chemin prenait des allures de découverte richissime.

Pour accéder au torrent, il fallait passer près de la maison des S. et c'était déjà un goût d'aventure, car pour de sombres raisons que je n'ai jamais cherché à éclaircir, il faisait partie des ennemis. Je dis "il" car je n'ai aucun souvenir de sa femme, mais lui était vraiment désagréable. Il nous faisait des réflexions quand nous passions en vélo devant chez lui et quand nous avons atteint l'âge de faire des fêtes entre copains, il venait espionner dans les buissons et rapportait ensuite des propos extravagants sur nos habitudes de consommation et nos mœurs, il était même allé jusqu'à déposer une plainte pour tapage nocturne (précisons qu'il habitait à presque 300 m du hameau, il devait avoir l'ouie fine!). Il fallait donc longer sa clôture de la démarche assurée de celles qui savent où elles vont et qu'elles sont dans leur bon droit. Ce n'était pas évident car cela signifiait dans les faits entrer dans un buisson de ronces pour retrouver la partie mieux tracée du chemin… Et quand je dis "chemin", je devrais plutôt dire sente, un vague tracé où la terre glaiseuse était un peu plus tassée, où l'herbe et la mousse poussaient moins drues. Parfois le tracé disparaissait et il fallait savoir qu'en traversant la ravine en biais on pouvait le retrouver plus loin mais Martine nous servait de guide et elle avait l'habitude d'accompagner son père dans ses déambulations de chasseur.

La pente était raide et ça explique que nous n'y allions pas très souvent, la remontée était ardue et notre flemme parfois conséquente. Nous finissions par déboucher sur le ruisseau. Oh, il n'était pas bien large, deux mètres? Trois mètres? Et il était facile de le traverser de rochers en rochers. Toutefois, il était possible de se baigner dans certains creux et même de nager sur quelques mètres. Il fallait en avoir très envie car sa température devait avoisiner les dix degrés et le soleil était rare à travers les frondaisons mais c'était quand même une fête. L'eau courante rend toujours joyeux, rêveur mais joyeux. Du moins ça me fait cet effet-là…

Je me souviens avoir passé un long moment immobile sur une grosse roche de la rive, allongée. Immobile à tel point qu'une souris est venue emprunter son itinéraire habituel et m'a tranquillement franchie comme un tas de mousse un peu plus conséquent que d'habitude. J'ai été vexée, autant le dire carrément…

Là où la rive était en pente douce, ménageant ainsi de minuscules plages, on pouvait voir sur le fond ces intrigantes constructions des larves de phrygane, des petits tubes faits de matériaux divers, coquilles, débris ligneux, pailles rouies, ou simples fourreaux semblables à du cuir mouillé. Ça m'intriguait au plus haut point. Il était visible que c'était le fait d'un animal, il y en avait trop pour que ce soit un simple amoncellement dû au courant et avec beaucoup de patience, je pouvais voir qu'ils se déplaçaient sur le fond. J'en ai attrapé quelques uns mais les bestioles qui les habitaient avaient dû fuir pendant que je les sortais de l'eau et je n'ai à l'époque pas pu résoudre ce mystère. C'est plus tard, en lisant les souvenirs entomologiques de Jean-Henri Fabre que ma curiosité a été satisfaite et encore plus tard, en entendant parler des œuvres de Hubert Duprat (vous pouvez cliquer sur son nom pour en savoir plus) que j'ai encore plus apprécié l'ingéniosité du travail de bâtisseur de ces larves d'éphémères.



À l'époque on pouvait aussi trouver sur les berges du ruisseau des cincles plongeurs, sortes de merles qui arrivent à marcher sous l'eau pour capturer des insectes et autres bestioles, mais je n'en ai jamais vus, ils sont trop timides et nous étions trop bruyantes pour une telle approche. La présence de ces larves et de ces oiseaux signifiait que l'eau était pure. Maintenant je ne sais pas ce qu'il en est avec la densité de la population qui est allée croissante. Pourtant à l'époque je ne pense pas qu'il y avait beaucoup d'efforts d'épuration des déchets…

Une autre rencontre, ou presque, animalière a eu lieu sur le chemin du retour. Je marchais en avant du groupe et j'ai trouvé sur le chemin une queue d'écureuil. Toute seule si je puis dire… Un abandon par un prédateur dérangé par notre arrivée? En tous cas je l'ai ramassée, elle était encore souple, douce et je l'ai longtemps portée en pendentif. D'un goût douteux, certes, mais c'était pour moi un gri-gri qui me permettait de garder une présence de ma vie dans cette vallée alors que j'étais en cours à Grenoble.

Maintenant que j'y pense, je ne me souviens pas avoir vu d'écureuils en liberté dans les arbres autour du hameau. Ils n'apparaissaient en quelque sorte que comme "fruits d'automne", jetés négligemment sur la table de la ferme par des chasseurs qui ne voulaient pas revenir bredouilles. Autant dire que ces personnes ne m'étaient guère sympathiques et que je refusais obstinément de leur dire bonjour, avec l'entêtement dont sont capables les enfants et même les adolescents et dont j'étais largement pourvue. (Certaines mauvaises langues diront peut-être que j'ai de beaux restes dans ce domaine…!)

Est-ce que je saurais encore retrouver ce chemin dans le fouillis des ronces? Il faudrait que j'essaie, même si je n'ai plus les mollets de mes quinze ans pour la remontée abrupte!

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Plein vol


Ma qué vooooilà, yé voulais vous mountrer cette photo, qué c'est la substantifiiiiiique quaaalité dou temps. Yé l'ai appelée: "L'innnnstanteee de l'envoooool", car si vous né voyéééééé pas l'oizo, pourtant, l'oizo il est làààà, zouste dans la prézenssse de la mietttttttte, qu'elle est làààà pour rappppeler quéééé l'oizoooo, il est oune houmain comme oune autre, qu'il a faim loui ausssi, qu'il manzzzzze loui ausssi, et même il essssscrémente loui aussi, dans le grrrrrand viiiiide blanc interrrsidéral qui habite l'espaaaace à la gauche de la photo, làààà où il devrait être, l'oizooooo.

Bon, en fait, autant l'avouer tout de suite, mon appareil numérique est mou de la comprenette et à cause du temps qu'il met à réagir, j'ai toute une série de photos de coins de table. Seul le plus déplumé de la bande a bien voulu se laisser saisir en plein vol. Flou, certes, mais en plein vol quand même !




Bon, d'accord, il faut que je m'entraîne encore un peu avant d'envisager de photographier à l'affût les grands fauves...

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samedi 16 juin 2007

14 juillet


Ce printemps est du genre facétieux mais bon, aujourd'hui il fait beau (oups, le temps que j'écrive cette phrase et le soleil s'est voilé!). Je peux commencer à songer à l'été puisque mercredi dernier j'ai sorti le maillot de bain pour papoter au bord d'un lac avec ma copine. Et comme chaque année, de même qu'à chaque automne je me demande si je verrai le printemps suivant, je commence à me dire que les jours vont raccourcir. Ce serait sans doute trop simple de se réjouir simplement de l'instant présent…

Ça me remet en mémoire les feux du 14 juillet dans "la vallée de mon enfance". Bien sûr la commune était trop minuscule pour s'offrir son propre spectacle alors le soir du 13 juillet nous montions sur Plagirou (de très grands champs en pente d'où on peut voir une bonne partie de la vallée) pour regarder les feux d'artifice des villes de banlieue grenobloise.

C'était l'occasion de nous réunir pour une activité commune, rituelle et vespérale qui plus est, ce qui donnait un air de fête à cette soirée. Oh, nous ne voyions guère que les bouquets finaux et les grillons et les courtilières faisaient plus de bruit que les détonations lointaines mais c'était le 14 juillet (on ne va pas chipoter pour un jour…), ça signifiait que les vacances étaient vraiment là, nous avions déjà pris le rythme de la vie dans la maison, retrouvé le rythme pour dévaler l'escalier en colimaçon sans manquer une marche, oublié la notion d'école, de devoirs du dimanche soir, les retours à la vie grenobloise, les projets interrompus faute de temps.

C'était le cœur de l'été, avec ses odeurs de foin, de terre, de soleil, les orages rapides et brutaux du soir, les retrouvailles avec les gestes et les lieux; en même temps c'était le soir où on pouvait réaliser que quinze jours s'étaient déjà écoulés et que les vacances ne dureraient pas éternellement. Cette soirée marquait en quelque sorte le moment de bascule entre l'émerveillement de la fin de la routine de l'école et la crainte d'une routine de vacances vides, pas assez emplies. Car si ces souvenirs d'enfance m'attendrissent, il me faut bien admettre que nous nous ennuyions souvent à cent sous de l'heure, passant des heures assis sur la barrière d'un champ, à chercher que faire pour passer ce temps si prodigalement offert.

Quoiqu'il en soit, l'apparition des premières colchiques à partir de la fin août était le signal de la fin et nous les écrasions rageusement, systématiquement, soigneusement, une à une, dans l'espoir de bloquer le temps, ennui ou pas…

(la photo a été prise samedi dernier, dans le haut de la vallée. Pour moi elle représente l'essence même de cet endroit, ce mélange entre forêt, champs, foin et grange, et la brume bleue...)

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vendredi 15 juin 2007

Dans une fleur...




Dans une fleur, savez-vous ce qu'il y a...? Parfois un habitant aux yeux brillants. (Si si, regardez bien la fleur du haut, on voit les antennes qui dépassent!)

Voici qui me rappelle un conte de mon enfance, Poucette je crois, où une toute petite fille était enlevée par un crapaud, ou un rat, je ne sais plus, en tous cas une bestiole mal famée. Elle était si petite qu'elle était vêtue en pétales de fleurs et dormait dans une coquille de noix. Cette idée me faisait rêver... Non! Pas l'idée d'être enlevée par un crapaud ou un rat! Voyons! Mais d'être vêtue en pétales de fleurs. Et puis toutes les aventures qui lui arrivaient, voguer sur une feuille de nénuphar, recueillir une hirondelle blessée, tout ceci était du merveilleux à la portée de mon imaginaire axé sur les animaux et la nature qui m'environnait. Sans compter qu'à la fin elle rencontrait un prince minuscule lui aussi et qu'il lui offrait une paire d'ailes pour qu'elle l'accompagne dans son royaume. Donc tout était bien qui finissait bien. Cette histoire m'était complètement sortie de la tête et je viens de la retrouver toute fraîche au détour d'une image, merveille de la mémoire...

Comme cette photo a été prise dans la vallée de mon enfance, il est après tout normal d'y retrouver les images et les sensations rêvées des contes de cette même enfance...

(Merci Internet: j'ai retrouvé cette histoire, il s'agit d'un conte d'Andersen que je crois avoir lu dans une version illustrée avec des gravures genre "à la Doré", ce qui explique le mélange d'émerveillement et de trouille qui m'en reste. Cliquez sur le mot Andersen pour en lire le texte si ça vous tente!)

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jeudi 14 juin 2007

Lions

Et voilà, on se fatigue, on dessine, on grabote, on cherche à reproduire les poils, les textures et hop, un coup d'œil dans la rue et on trouve un lion sur un mur, résultat d'un lancer de ciment, d'une chute de pot de peinture? Mystère. En tous cas il est là et je le trouve très sympathique! Il a même un peu de barbiche sous le menton…

Alors j'en profite pour montrer un lot de dessins de lions (et une lionne, parce que hein, quand même…). Et merci à Lionel pour sa collection de photos de fauves à crinières, promis j'en ferai un recueil avec une zoulie couverture en laine feutrée!






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mercredi 13 juin 2007

Fourmi


Telle la fourmi industrieuse, me voici amassant et stockant de quoi refaire mon site perso. Ce qui veut dire que je farfouille dans mes boites de CD d'archivages pour retrouver mes dessins répartis au gré des sauvegardes, que je les recadre, redimensionne, prépare des zooms, bref tout l'interminable tintouin nécessaire à ce genre de choses. Autant dire que je ne dessine pas beaucoup et comme en plus il fait beau, je pars tout à l'heure me dorer au bord d'un lac avec ma copine, ce qui n'aide pas à la productivité. Oui, je sais, tant de souffrances vous met les larmes aux yeux, merci de compatir...

Alors pour compenser cette absence de nouveautés, je mets un vieux dessin à l'aquarelle extrait de l'imagier que j'avais préparé pour ma fille cadette. Je reviens bientôt avec un coup de soleil, ma copine est en bas de l'immeuble et elle m'attend!

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lundi 11 juin 2007

Liberté

Notre enfance à la campagne était une enfance très libre. Pas à l'abandon, loin de là, mais nous étions très libres de nos mouvements dans une mesure qui était fixée par un ensemble de règles dont je ne sais plus trop comment nous en avions connaissance. Toujours est-il que nous suivions tout un code de comportements qui variait sans doute selon les "fournées" d'enfants. Mes frères aînés en ont certainement suivi d'autres, Éliane et les "petits" ont dû avoir une autre lecture du même espace.

Pourtant, je pense qu'il y avait une base commune: ne pas marcher dans l'herbe haute pour ne pas gêner la future fenaison, ne pas abîmer les arbres fruitiers en grimpant dessus au risque de casser les branches (nous nous rattrapions sur les cerisiers abandonnés en bas du parc à chevaux), aider aux travaux des champs dans la mesure de nos moyens et de notre bonne volonté, les bases d'un respect de la propriété et du travail d'autrui.

Ensuite, il y avait les règles plus temporaires: nous pouvions à titre individuel revendiquer les fruits de tel ou tel noisetier repéré dans une haie, l'usage d'un arbre escaladé en premier (comme quand un alpiniste "ouvre une voie"), d'un raccourci à travers un talus. Nous superposions ainsi notre carte des lieux, notre cadastre à nous.

Petit à petit, nous étendions notre rayon d'action. Je me souviens du premier pique-nique improvisé avec Solange, la fille des fermiers. Nous traversions notre grande période "bottes en caoutchouc, jeans et chemise à carreaux", dans notre esprit nous étions des cow-boys, avec l'air mâle et assuré qui va avec. Nous avions pris nos tartines du quatre-heures pour aller le manger au départ du chemin du haut, ce qui devait bien représenter… une dizaine de mètres de la maison la plus proche! Mais c'était un début à tout le moins triomphal et exaltant! Si si. (Nous devions avoir huit ou dix ans…)

C'est en accompagnant nos parents en visite pour le hameau voisin, en allant "faire les foins" dans les champs alentours (ça consistait pour les enfants à tirer la râteleuse pour nettoyer le champ, tâche ingrate et qui nous faisait loucher sur le prestige envié d'un jour pouvoir manier la fourche), en allant parfois livrer des œufs ou du lait dans le village, en suivant les filles P., accoutumées à suivre leur père dans ses journées de chasse, que nous agrandissions notre terrain d'exploration qui finissait par s'étendre assez considérablement (à mon échelle, hein, je n'ai pas vocation de baroudeuse). Il incluait le torrent en bas du ravin et allait jusqu'au Scialet, promontoire qui surplombait la vallée et faisait face au Vercors.

Nous étions le plus souvent hors de vue des adultes. Non pas que nous cherchions à échapper à leur surveillance mais les maisons étaient regroupées autour d'un bout de route et les champs et la forêt étaient vastes. Malgré cette liberté, à cause de cette liberté, nous étions très "sages" dans la mesure où nous ne prenions pas de risques irréfléchis. Peut-être aussi parce que nous étions principalement un groupe de filles et que la rivalité ne s'exerçait pas dans le domaine des exploits physiques?

Toujours est-il que nous ne goûtions pas aux baies inconnues, même le sureau qui parait-il permet de faire des confitures délicieuses était rangé dans la catégories des poisons. D'ailleurs, nous nous en servions pour fabriquer ce que nous appelions du "chloroforme", sans doute le seul terme médicamenteux de notre vocabulaire (panacée générale pour nos genoux couronnés et nos coudes éraflés). Ça consistait en un mélange infâme de tout ce que nous pouvions trouver de puant ou mal famé dans notre environnement: crottes de poules, baies de sureau donc et autres trouvailles, mis en bouteille et laissé à macérer. Sous l'effet de la fermentation, le bouchon finissait par sauter et puis… c'est tout. Nous nous étions déjà désintéressés de l'expérience. Nous essayions aussi d'obtenir des eaux parfumées avec des mélanges d'eau du bassin et de pétales de roses mais le résultat final était assez proche de celui du "chloroforme": une mixture nauséabonde!

Nous ne touchions donc pas aux baies rouges qui poussaient sur les talus, on disait même que les vipères s'en nourrissaient, ce qui était la preuve irréfutable de leur nocivité! Nous ne buvions pas l'eau des ruisseaux (pourtant celle des bassins n'était peut-être pas si différente…), nous ne ramassions pas de champignons autres que les mousserons dans les ronds de sorcières et quelques rosés des prés de temps en temps. Les autres champignons, les "sérieux", étaient l'apanage des adultes, extrêmement jaloux de leurs "coins à champignons". Parfois on pouvait repérer de loin une énorme vesse-de-loup, grosse boule blanche qui pouvait aller jusqu'à un diamètre d'une trentaine de centimètres. Elles apparaissaient comme par magie, en une nuit, compactes, tendres, d'une odeur fade, avec une chair qui se laissait écraser en rendant un peu d'eau. En trouver une était un émerveillement et un dilemme. J'étais partagée entre l'envie de la laisser sur place comme la preuve d'une capacité magique de la terre à produire ses propres boules de Noël et la curiosité de la dépiauter. J'entends encore le son que faisait le pied en se rompant, ce craquement sourd, étouffé par l'herbe. Parfois nous les trouvions alors qu'elles étaient desséchées, poches brunes et flétries. Nous les éclations alors avec un bâton pour voir s'élever le nuage de spores mais là encore, il fallait faire attention: si cette poussière atteignait l'œil, nous pouvions devenir aveugle! Croix de bois croix de fer!

Dans la série des rumeurs incitant à la prudence, il y avait celles qui voulaient que manger des châtaignes crues apporte des poux, qu'il ne faille pas manger plus de deux amandes de noyaux d'abricot par jour, ni dormir à l'ombre d'un noyer sous peine "d'attraper le mal". Ça ne nous a bien sûr jamais empêchés de manger les premières châtaignes crues, histoire d'intégrer que l'automne était bien arrivé, ni de dormir à l'ombre fraîche d'un gros noyer qui bordait le pré de la Jourdenas, mais avec ce petit frisson que donne le risque bravé. (Et on ne se moque pas!)


Des risques réels, nous en prenions parfois quand nous faisions du vélo ou de la luge. Nos vélos n'avaient pas toujours des freins à toute épreuve et une technique pour ralentir dans la pente qui menait à la grand-route consistait à rouler dans le bas-côté ou à mordre carrément sur le talus. Et j'ai toujours sur la cheville une cicatrice qui date du jour où, assise sur le porte-bagages du vélo de Monique, je me suis pris le pied dans les rayons de la roue. Mésaventures de cycliste, rien de très grave, quelques gamelles mémorables et beaucoup de chance de ne pas avoir croisé la trajectoire d'une voiture quand nous déboulions des champs en pente directement sur la route… Mon autre cicatrice est la trace d'une séance de luge qui aurait pu plus mal tourner: nous avions choisi, mon petit frère et moi, un champ derrière la ferme, très abrupt, à tel point que je n'ai pas pu ralentir une fois arrivée en bas et que je me suis retrouvée dans les fils de fer barbelés qui délimitaient un jardin. Une pointe a déchiré mon jean, ouvert le genou, a accroché mon pull-over qui est remonté jusqu'au visage, me protégeant ainsi d'une balafre bien plus conséquente… Bah, un peu de neige pour éponger le sang (pratique totalement inefficace d'ailleurs) et c'était reparti. Nous pratiquions aussi en été la luge sur herbe: dans les parties trop pentues pour être fauchées il restait ce qu'on appelle des bauches, un tapis de longues herbes sèches et couchées par le vent, la pluie. Nous dévalions ces pentes abruptes sur un carton, un sac en toile ou en plastique et il "suffisait" de baisser la tête pour passer sous les fils de fer de la vigne plantée en bas. Parfois notre luge improvisée partait de travers et nous chutions violemment, à tel point que l'on pouvait retrouver des tiges de paille plantées dans nos mollets! Mais le pire était encore de tomber dans une bouse plus ou moins sèche…

Nous faisions attention aussi aux serpents et nos bâtons de noisetiers servaient à frapper le sol pour faire fuir les éventuelles vipères aux abords des buissons de mûres. Ça et faire du bruit en frappant le sol du pied tout en marchant. Moyennant quoi je n'ai quasiment jamais croisé de serpents dans mon enfance: une trace sinueuse qui écartait les herbes d'un champ où je cueillais des fleurs, une "nichée" de petites couleuvres à collier sur le bord d'un talus, une longue couleuvre coupée en deux par la faux et qu'un voisin facétieux m'a jetée en travers du cou. Ah si, j'oubliais!!!! Parfois une chatte ramenait un serpent au dos cassé en deux à la maison, fière de sa prouesse. Je ne suis pas certaine que mon frère aîné m'ait pardonné le réveil que je lui avais prodigué en lui mettant la bête agonisante sous le nez au saut du lit! Pourtant elle était jolie… Les serpents participaient donc plus d'une sorte de mythologie de l'enfance qui voulait qu'il faille porter des bottes en caoutchouc pour se protéger de leurs morsures (mais attention: le crochet venimeux pouvait rester fiché dans la tige de la botte et blesser une personne qui porterait les chaussures de la victime! Si si!) et faire attention quand un lézard vert traverse le chemin en courant devant vous, ça signifie qu'une vipère le suit. Mais je n'ai pas le souvenir qu'une personne de ma connaissance ait jamais été mordu. Ou on ne me l'a pas dit. Ou ça ne m'a pas marqué. Ou elle ne sentait pas bon…

Les abeilles étaient plus problématiques et ma manie de souvent marcher pieds nus m'a apporté quelques désagréments avec elles, sans compter les nids de guêpes dans le grenier qu'il fallait éviter de déranger. Et veiller en buvant une boisson sucrée à ne pas avaler une guêpe trop gourmande et tombée dans le verre. Quelle vie trépidante…!

Un danger d'un autre type était bien plus épisodique mais réel. Quand on rentrait le foin, les enfants étaient chargés de le tasser dans la grange en le piétinant au fur et à mesure qu'il était hissé par le moyen d'une courroie hérissée de crochets de fer. Le fermier était très inquiet à l'idée que nous puissions tomber par la trappe ouverte et nous empaler sur ces pointes métalliques et nous n'avions pas le droit de dépasser une certaine limite. Pas plus que nous n'avions le droit d'approcher la batteuse antique qui faisait la tournée des fermes au moment de la moisson. Elle était entraînée par le moteur du tracteur et c'était tout un système de câbles et de courroies dont on nous disait qu'ils pouvaient se rompre et couper quelqu'un en deux. Brrr… Alors nous la regardions de loin.

Maintenant que je suis mère, si je regrette que mes filles n'aient pas pu vivre une enfance de cette sorte, je sais aussi que je n'aurais peut-être pas eu la sérénité de mes parents face à ces longues absences. Les conditions ne sont plus les mêmes, il n'y a plus la même vie de village, et puis, je ne suis plus du même côté de l'enfance. La preuve, je viens en vain de tenter d'obtenir de ma fille cadette qu'elle me laisse des coordonnées outre son numéro de portable pour la joindre en cas de problème puisqu'elle part à une fête entre amis ce soir… à mon tour de m'inquiéter!

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dimanche 10 juin 2007

Dessins sur céramique

Dernières activités en cours: dessiner au feutre indélébile sur des boites en céramique blanche d'après les gravures de Ernst Haeckel tirées du livre: Kunstformen der Natur (formes artistiques de la nature).

Un aspect amusant de cette pratique c'est qu'elle ne permet ni le brouillon ni la retouche, le trait est définitif. Ben oui, sinon ce n'est pas amusant!

Je profite de ce message pour dire à quel point j'aime ce livre de gravures. J'ai craqué pour lui dans une librairie à Bâle et régulièrement je plonge dedans. Outre la prouesse technique que représentent ces dessins, c'est une mine de formes, de textures, d'assemblages. Puisque vous êtes sages, en cliquant sur ce titre: Kunstformen der Natur, vous pouvez accéder à un site où vous trouverez les pages scannées. Ne me remerciez pas, c'est tout naturel…!

(Comme d'habitude, cliquez sur les photos pour voir l'image agrandie)







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jeudi 7 juin 2007

Laine feutrée, le récapitulatif du moment

Maintenant que j'ai décroché l'expo et ramené tout ce petit monde au bercail, je me rends compte qu'en fait j'ai réalisé pas mal de bestioles et autres trucs en laine feutrée. Cette activité commence à prendre une part non négligeable de ma production et ça me donne envie d'explorer une autre façon d'utiliser cette technique, en faire des illustrations par exemple (allez voir le site de Planeth dans ma barre de liens à gauche pour comprendre comment les envies viennent aux blogueuses...), ou des couvertures de reliure, ou de grands panneaux. Bref, je n'ai pas fini de jouer avec ce matériau!

Je vous montre presque l'ensemble de ce que j'ai fait, du plus récent au plus ancien. Bien sûr, en "mère indigne", j'ai une préférence pour le petit dernier, le boeuf musqué, le fruit des divers apprentissages effectués grâce aux précédents. Il y a un peu de tout, des broches, des bestioles, (des bagues que j'ai montrées dans un post précédent), des tableaux avec relief, d'autres sans et... des escargots à accrocher sur les habits, tout à fait adaptés à ce mois de juin pluvieux!

(cliquez sur les images si vous voulez voir la photo en grand)

















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