dimanche 29 avril 2007

La Charmille

La charmille, c'était et c'est peut-être encore un énorme charme situé à l'entrée du très grand champ qui descendait vers le Plantay. Un arbre énorme et familier, bossué et altéré par les années et des élagages parfois brutaux.

Il était en quelque sorte gradué, car selon son âge et son intrépidité, on franchissait petit à petit des étapes invisibles. Tout d'abord, on restait cantonné à la grosse pierre qui en constituait en quelque sorte le seuil. Puis, on pouvait s'essayer à l'escalade de son tronc bifide pour accéder à la plateforme qui terminait la partie de droite, étêtée. De là partait une très longue branche horizontale qui suivait la haie et surplombait un char à foin, une herse ou une faucheuse entreposée à l'ombre. Assez vite la branche pliait sous le poids mais j'avais une confiance totale dans cet arbre, tandis que je savais qu'un noyer ou un cerisier est susceptible de casser net sous une charge qu'il trouve excessive. Pourtant nous n'étions pas bien gros ni gras. Le but du jeu était d'aller le plus loin possible et de s'installer dans un équilibre précaire, le derrière entre deux petites branches.

Le tronc principal comportait une autre plateforme à laquelle on pouvait accéder en coinçant la semelle des espadrilles dans des fentes de l'écorce ou en prenant appui sur une des loupes qui la déformaient. En se tirant et en se hissant, on arrivait à un endroit relativement confortable, qui permettait d'avoir une vue dégagée sur le carrefour de la vie locale que constituait le croisement de la route et du chemin de Bellevue. Mais nous étions encore trop en vue, et le plaisir de l'espionnage manquait de sel.

L'arbre avait dû subir des élagages sévères dans sa prime jeunesse, et était devenu en quelque sorte "têtard", car à partir de là s'élançaient de grands sous-troncs verticaux dont parfois les branches avaient l'amabilité de se succéder en une sorte d'escalier tournant.

Après quelques années de pratique, l'escalade de ces premières parties ne présentait plus aucune difficulté pour les petits singes que nous étions. Il s'agissait d'escalades en bande, pour discuter, rire, passer le temps et observer en pensant ne pas être vus. Les explorations du faîte, je les ai faites en solo. En me hissant à la force des bras, j'ai franchi la zone limite à l'écorce lisse et sans branche intermédiaire et j'ai enfin connu l'ivresse des sommets !!! Je devais avoir une quinzaine d'années. J'ai bien sûr gravé mon nom dans l'écorce lisse et fine, d'un gris de peau d'éléphant, avec un Opinel comme il se doit. L'arbre était couturé dans ses parties basses de ces paraphes successifs mais tout en haut, il paraissait vierge de toute trace. Exaltant!

Ma carrière d'exploratrice en feuilles a failli tourner court ce jour-là car au moment de franchir dans l'autre sens la partie critique, j'ai réalisé, mais un peu tard, qu'il est beaucoup plus difficile de descendre à bout de bras que de monter… Surtout quand on veut atterrir en douceur sur une enfourchure précise. J'ai bien cru l'espace d'un instant que j'allais finir ma vie en écureuil… mais quand il faut, il faut et je n'ai pas eu à subir l'affront de la demande d'une aide extérieure (pourtant je me souviens d'avoir été extraite avec une échelle de ma première exploration d'un vieux prunier mais je devais avoir cinq ou six ans…). Cette difficulté ne m'a jamais empêchée de retourner jouer la fille de l'air au sommet de cet arbre, pour rêvasser, pour attendre, pour pleurer pendant qu'on noyait une portée de petits chiens ou de petits chats que je n'avais pas réussi à caser auprès des voisins, eux-mêmes saturés d'animaux en tous genres. Pour bouder aussi. Se sentir inexpugnable et au-dessus de la mêlée du commun des mortels, rien de tel pour explorer les méandres d'un ressentiment, en faire le tour et l'oublier parce que le vent porte des odeurs et des bruits qui ramènent au désir de rejoindre le monde.

Petit à petit, la Charmille a été massacrée. Elle a perdu sa grande branche horizontale, puis sa forme de boule pour laisser passer des fils électriques. Maintenant qu'un lotissement a poussé dans ce champ, il ne doit plus en rester grand-chose, si elle n'a pas complètement disparu pour laisser le passage aux voitures…

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vendredi 27 avril 2007

Bientôt


Plus que quelques jours pour tout finir, je vais certainement oublier deux ou trois choses, devoir renoncer à des projets pharaoniques mais la date butoir approche: mercredi prochain marque le début de l'exposition de mes dessins. Pourvu que l'imprimante ne rende pas l'âme avant que j'aie fini de mettre en page le book... Je croise les doigts !

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jeudi 26 avril 2007

Image et deuil




Il s'agit à ma connaissance de la seule photo du frère de mon grand-père maternel: Charles L., mort fauché par un obus le 17 juillet 1917, à 21 ans. Ma mère m'a confié cette photo lorsque j'ai réalisé un "livre de deuil" suite au décès de son cousin Charles, prénommé ainsi en mémoire de son oncle.

Je ne connaissais que le portrait que je croisais sans cesse dans le couloir de la maison familiale, sans jamais me poser la question de l'identité de la personne représentée. Un photomontage réalisé après sa mort, le figeant dans l'image d'un soldat "propre sur lui", portant sa médaille posthume, sanglé dans un uniforme impeccable. C'est peut-être cet aspect d'image d'Epinal qui m'a empêché de vraiment intégrer le fait qu'il s'agissait d'une personne réelle et d'un aspect de l'histoire familiale relativement proche.

Quand j'ai vu la photo de départ, cette toute petite photo d'identité, j'ai mieux compris le chagrin de ses frères et sœurs qui ont décidé de baptiser de son prénom chaque garçon aîné qui naîtrait dans leurs familles respectives (il y eut ainsi deux autres Charles). J'ai vu un homme jeune, au regard triste, à la posture penchée, engoncé dans un uniforme qui semble trop grand. Rien à voir avec l'attitude martiale du photomontage… Quelle image valait-il mieux garder de lui? Celle du "jeune homme mort pour rien" ou celle du "soldat mort pour la patrie"?

Le portrait est un mélange entre une partie photographique (le visage) et un dessin rapide (simple esquisse de costume). Un mélange entre une réalité et une imagerie. Je crois que ça me pose toutes les questions que je retrouve quand je travaille autour des images d'une personne décédée: faut-il alimenter une légende ou rester proche d'une vérité? Fait-on cette démarche pour apaiser le chagrin des personnes en deuil ou pour garder trace de la complexité de la personne disparue?

Je ne crois pas qu'il y aie de réponse simple à cette question, pourtant je sais que cette photo "brute" d'un jeune homme qui ne regarde pas l'objectif, qui semble détaché de ce que l'on va faire de lui (oui, je me raconte des histoires…) m'a beaucoup plus émue que ce portrait figé. D'un côté l'image d'une vie anéantie par un obus, de l'autre l'image du chagrin d'une famille.

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mercredi 25 avril 2007

Point d'interrogation



A qui peut bien s'adresser la littérature de poteaux électriques ? Aux passants flâneurs sans nul doute, aux cyclistes curieux parfois. Mon autocollant préféré reste pour l'instant celui-ci. J'ai l'impression d'être devant un miroir, interrogation contre interrogation. Mais je n'ai jamais poussé la curiosité jusqu'à prendre le temps de lire ce qui est marqué en tout petit petit en bas à droite du papier. Je préfère rester sur ce dialogue inachevé.

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mardi 24 avril 2007

Chimpanzé version 8




(Images cliquables)
Une petite récréation pour clore cette série de portraits animaliers: un “dessin” à la laine feutrée ! J’ai traité ce chimpanzé en bas-relief, même si la photo n’en rend pas tout à fait compte.

Je l’ai réalisé avec la technique dite de l’aiguilletage, dans laquelle on pique dans la masse de laine cardée avec une aiguille finement barbelée pour entremêler les fibres. C’est assez long à faire et j’ai passé bien plus de temps sur cette “récréation” que sur aucun des autres dessins mais je trouve ça très amusant à faire, c’est comme modeler de la barbe à papa ! On part d’une matière floconneuse et petit à petit, elle devient compacte, solide.

Il me reste encore quantité de techniques textiles et graphiques à explorer mais je crois que je vais clore cette série sur cet essai...

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lundi 23 avril 2007

Les poules



Toute petite fille, j'avais peur des poules. J'avais peur d'ailleurs de beaucoup de choses, des animaux, des grandes personnes, des autres enfants et une sainte trouille des tortillons de vase que laissaient les vers sur la plage à marée basse. Je pensais que la vie s'annonçait comme une série d'épreuves consistant à marcher sur des asticots pour gagner le droit d'avoir peur de l'eau sans le montrer.

J'avais peur des poules, des chats et je restais calfeutrée derrière la fenêtre de la maison, sur le rebord très large étant donné l'épaisseur des murs. Et des poules, il y en avait partout: dans la cour devant la ferme, dans la cour de derrière qui leur était plus spécialement destinée, dans les prés. Parfois elles grimpaient d'un coup d'ailes sur le mur qui séparait notre jardin du potager de la ferme.

Puis cette peur m'a passé, comme les autres, et je me suis amusée à observer ces volatiles que l'on dit stupides et qui le sont souvent. Elles étaient rousses, blanches ou noires, avec leur jupon de duvet si tentant bien que souvent crotté, leur allure de vieilles dames revêches à l'œil sévère, glougloutant des remarques acides. Mais certainement pas aussi acides que l'odeur que laissaient leurs fientes quand une forte pluie avait détrempé le sol jusque sous l'auvent où elles se rassemblaient la nuit. Cette boue était particulièrement glissante et traîtresse sous les bottes en plastique, et peu ragoûtante l'idée de tomber dans cette mélasse …

Il y avait les poules que l'on appelait les "cous-nus", c'est peut-être d'ailleurs le vrai nom de leur race, je ne sais pas. Elles avaient une allure de guillotinées, comme si elles portaient leur destinée en collier, à découper selon les pointillés. Elles étaient totalement ridicules et paraissaient encore plus stupides que les autres, un peu obscènes aussi dans leur entêtement à montrer leur peau rouge et ridée, comme une blessure, une erreur. Les autres poules faisaient leur travail de poules, elles picoraient et pondaient, sans autre affectation que leur air stupide.

Dans le couloir de la ferme, il y avait en permanence un boisseau rempli de blé pour "donner aux poules". Il était lourd et tentant, Le plaisir consistait à plonger l'avant-bras dans les grains, les faire glisser dans un doux bruissement et en ramener quelques uns pour grignoter. C'était insipide et dur, avec un vague goût de poussière mais délicieux quand même. Pour "donner aux poules", il fallait porter le boisseau jusque dans la cour de derrière et appeler les poules en criant "petit-petit-petit-petiiiiiiiiiiiiiiit". Elles accouraient de tous les recoins de la ferme, se piétinant les unes les autres et entouraient la personne chargée de la distribution, entravant sa marche, prêtes à se faire écraser plutôt que manquer l'aubaine. Une fois le grain lancé à la volée, la hiérarchie se manifestait en coups de becs pour marquer la préséance et les plus humbles avaient le dos tout déplumé. Bien sûr il était tentant de les privilégier en lançant le blé dans leur direction, mais la ruse n'échappait pas à l'œil vigilant des reines-mères et c'était en fait une occasion de plus pour elles de se faire houspiller. Certaines poules, plus accortes, venaient manger dans les mains et piochaient de leur bec dur, tantôt pinçant, tantôt piquant, partagées entre la peur et la faim. Goinfre comme une poule…

Et il y avait les coqs. C'était la grande interrogation à chaque grandes vacances: serait-ce une année avec ou sans coq méchant? Car du caractère du volatile dominant allait dépendre nos itinéraires dans la ferme. Un coq méchant, cela voulait dire un détour pour ne pas traverser la cour de derrière pour rejoindre les champs. Les coqs gris l'étaient plus souvent que les rouges. Un coq méchant, ça attaque tous ergots en avant, avec une ferme intention de vous étriper lisible dans son petit œil mauvais. Ca se repousse à coups de pied mais encore faut-il avoir vu venir l'attaque! Ne jamais quitter un coq ennemi de l'œil, voilà l'enseignement que j'ai tiré de ma fréquentation de ces volatiles.

Certains coqs étaient beaux, et les plumes fines de leur encolure éveillaient en moi une certaines convoitise. Elles changeaient de couleur selon les déplacements de l'animal, elles semblaient presque liquides, glissaient sur le plumage du corps quand l'animal tournait la tête ou pendant sa marche de jouet mécanique.

Bref, je ne raffolais pas de ces bêtes, trop indifférentes aux humains, particulièrement stupides quand elles rentraient dans la salle de la ferme et s'affolaient quand on voulait les en chasser, mais j'aimais les observer. Et puis, elles étaient partout, difficile de ne pas les croiser…

Qui dit poules, dit œufs. Le soir on allait les chercher. Le plus intéressant, c'était quand on avait repéré dans la journée un des endroits secrets élus par les volailles pour faire leur nid. Sous des bûches, dans l'ancien four à pain, sous une poutre. Glisser la main et sentir les œufs encore tièdes, en compter parfois une petite dizaine qui avaient échappé à la surveillance, les ramener fièrement. Boule, la chienne, aimait aussi jouer à ce petit jeu et on la voyait parfois traverser la cour avec un air innocent qui attirait l'attention sur elle, la gueule refermée délicatement autour d'un œuf dérobé, l'œil en coin, et la queue déroulée au lieu d'être portée en trompette. Si on la disputait, elle se dépêchait de serrer un peu trop l'objet du larcin, assez fort pour le briser, assez doucement pour ne pas le broyer. Trop tard pour le récupérer ! Elle recevait sa réprimande et partait un peu plus loin déguster son butin. De toutes façons, Boule était une chienne trop exceptionnelle pour que quiconque pense à lui vouloir longtemps de sa tendance à l'autonomie alimentaire, appelons ça comme ça.

Quand on était allé chercher les œufs, on se retrouvait ensuite avec les avant-bras grouillants de ce que nous appelions les "pouillons", une vermine de minuscules bestioles grises que l'on sentait bouger confusément. La solution consistait à tremper les avant-bras dans l'eau glaciale du bassin des Faure. La partie gauche était la plus accessible. Dans mes souvenirs, du fait de la pente de la cour, le rebord était moins haut à cet endroit ou la dalle du sol était plus épaisse. C'est là que trempait le pain pour les canards. Au milieu, sous l'arrivée d'eau, il y avait les bouteilles de vin rouge mises au frais. A droite, les énormes bidons de lait qui s'entrechoquaient et les bidons individuels, qu'on allait récupérer le soir après la traite. C'était le bassin où buvaient les vaches au moment de sortir ou de regagner leur étable. Ce bassin était délimité par une frontière invisible mais très nette pour moi. La partie gauche était familière, autorisée, quasi publique, avec les bégonias sur une planche, énormes et joufflus du fait de l'humidité ambiante et des soins attentifs du fermier. La partie droite, accotée à l'énorme platane, était plus ombreuse. Surtout, elle faisait partie du domaine du chien, domaine circonscrit par la longueur d'une chaîne courant sur un câble. Un chien attaché est rarement de bonne humeur… Les derniers temps, je connaissais très bien toute la gent canine locale, l'ayant souvent vu naître ou arriver à l'état de boule de poils dans la ferme. Mais quand j'étais petite, il y avait Miss, grande chienne jaune aboyeuse, qui prenait très à cœur son rôle de gardienne. Et Dick, le vieux chien noir, qui était attaché sous la remise, juste assez court pour qu'on puisse se glisser par la porte ménagée dans la grille qui délimitait la cour de derrière.

Mais je parlais des poules…

Il y eut aussi des poules naines, avec leur coq nain. Bien que minuscule, il essayait tant bien que mal de monter les grosses poules qui attendaient patiemment, accroupies, que le minuscule mâle grimpé sur leur dos ait fini son affaire et s'en aille, battant des ailes et coquericant sa virilité accomplie d'un son de chaîne rouillée. Les poules naines avaient droit à plus de tolérance que les autres, elles avaient accès libre à la cour de devant, elles représentaient une sorte de touche de luxe inutile et délassant et ne se faisaient pas chasser à grands coups de "fffssssshhhhouiiiii" quand elles outrepassaient leurs frontières.

Je n'ai guère de souvenirs de poule sympathique, qui se démarquât du lot. Elles étaient interchangeables à mes yeux. Pourtant, je me souviens que ma copine, la fille des fermiers, eut un vif chagrin un jour que sur la table apparut un volatile dans sa sauce. Elle demanda à Odette s'il s'agissait du coq (un vieux coq, un inutile, un surnuméraire?). Sa mère eut cette réponse magnifique: "oui, c'est le coq. Figure-toi qu'il a eu une embolie !" J'en ai longtemps ri, cruellement à bien des égards.

En fait d'embolie, le trépas de la volaille se manifestait plutôt par un coup de couteau. Il me semble avoir assisté à cela, je ne saurais dire où ni quand, pourtant je sens encore l'odeur fade du sang, je revois le geste, mais pas le contexte. Par contre je sais fort bien que petite fille, j'avais tenu à regarder une voisine tuer un lapin et le dépiauter. Le cri de la bête, le bruit de la peau qu'on retourne et qui se décolle m'avaient horrifiée. J'étais repartie au bord de l'évanouissement, et le chemin à travers champ entre Garcinière et Rigaudière s'était effectué dans un tunnel sombre et sifflant.

Les volailles égorgées étaient suspendues à un clou devant le portail du potager. Il m'est arrivé quelquefois d'être saluée au passage par un volatile qui tant bien que mal redressait sa tête au bout de son cou entamé, au-dessus de la flaque de sang qui brunissait. Le fermier n'aimait pas tuer les animaux et s'y prenait parfois les yeux fermés, d'où certains ratés. Je me souviens de la tête ennuyée de la fermière quand je lui annonçais que le coq n'était pas mort.

Quand ma mère cuisinait une poule, elle nous donnait le gésier car on aimait regarder les herbes pilées et les petits graviers qu'il y avait dedans. Je me souviens que ce n'était pas facile à entamer et à écarter tant cet organe est musculeux et compact. C'était un mystère, pourquoi trouvait-on cailloux et herbes dans l'estomac d'une bête nourrie au blé? Nous jouions aussi avec les pattes coupées à l'articulation: en le dégageant avec précaution, on pouvait tirer sur l'extrémité d'un tendon et voir les doigts se plier et se tendre. Ou faire exécuter une danse sur la table de la cuisine à ces deux ballerines écaillues et griffues. Un oiseau est sympathique par la plume, mais dès qu'on se penche sur l'œil et sur la patte, le domaine reptilien ancestral refait surface et il devient difficile d'éprouver de la sympathie pour un animal dont le sang était froid il y a peu. Déjà, cette idée de déambuler avec les mains croisées dans le dos…

Une poule connaît peu d'états de grâce. Un poussin est attendrissant les tout premiers jours, mais très vite il se transforme en dadais dégingandé. Moins laid qu'un caneton à l'âge ingrat toutefois. Un caneton sorti de l'œuf, une fois sec, présente une couleur étonnante, un jaune vif et acidulé à la fois qui donne envie de citron et d'eau fraîche, de pouvoir le tenir et serrer très fort pour voir si la couleur déteint sur la paume. Dès le lendemain, le jaune s'est terni. Quelques semaines plus tard, "l'adolescence" les a transformés en bestioles difformes, avec un grand croupion hérissé de plumes pas finies, et deux moignons d'ailes ridiculement petites.

Non, décidément, la gent volaille ne m'a pas laissé de sympathie particulière et je maintiens mon jugement: bête comme une poule.

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dimanche 22 avril 2007

Chimpanzé version 7



Maintenant que j’ai un peu épuisé ma curiosité pour le rendu des textures par les couleurs, j’ai envie de me plonger dans la même étude mais monochrome cette fois. J’ai choisi un crayon noir aquarellable, que l’on peut donc diluer en passant un pinceau mouillé parce que ça me permet d’obtenir plus vite un grisé pour la base du dessin. Le papier est donc moins vite saturé par des passages répétés de graphite. De plus, le papier ainsi mouillé deviendra plus lisse, plus adapté à un traitement des détails.

Ce crayon donne des résultats d’un gris très doux, ça me changera de l’usage des couleurs ou des crayons très denses. On dit que “changement d’herbage réjouit les veaux” ! (vous pouvez cliquer sur l'image du détail pour le voir en plus grand)

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samedi 21 avril 2007

Maniaco-dépressive ?


Petit jeu crétin: en marchant bien à gauche du trottoir, en visant bien, je peux voir la cheminée du chauffage urbain, le sommet d'un poteau de support d'un trolleybus qui n'existe plus et la cheminée d'un immeuble alignés selon une horizontale approximative. Ah, une bonne chose de faite ! Et si en plus la montagne parfaitement conique sous cet angle de vue encadre parfaitement la cheminée de gauche, c'est encore mieux ! (Ou comment ne pas s'ennuyer en parcourant sans cesse le même trajet depuis son enfance…)

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vendredi 20 avril 2007

Chimpanzé version 6




Je retourne à des outils que je connais bien, même si la technique employée dans ce cas implique une part d’aléatoire non négligeable. En effet, je vais utiliser mes crayons de couleur chéris sur une surface capricieuse, le “plastique magique”. Il s’agit d’une plaque de plastique translucide, rendu rugueux sur une face et qui rétrécit à la cuisson jusqu’à donner une plaque transparente, brillante d’un côté et mate de l’autre, celui sur lequel le dessin est réalisé. Une plaque de 9 cm de haut au départ aura à la fin environ 3 cm de haut et gagnera en épaisseur, les pigments vont ainsi se condenser sur une surface réduite et le côté lisse donnera une impression de miniature émaillée.

Mais ça, c’est dans le meilleur des cas, car la cuisson est un moment délicat s’il en est ! En effet, la plaque se déforme, se tord, parfois des côtés finissent par se toucher et se coller ensemble, le dessin peut être tordu et la mise à plat entre deux feuilles de dictonnaire ne donne pas toujours des résultats satisfaisants. Bref, une pratique à risques !

La première image est la version avant cuisson, la seconde est la version après cuisson, vue du côté lisse, la troisième est un zoom (image cliquable).

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jeudi 19 avril 2007

Rond-point


Ah, les ronds-points… Celui-ci m'attendrit et m'amuse avec sa "sculpture" en son centre. Qui a eu l'idée de mettre au milieu ces quatre (lourdes) bornes de travaux pour imiter les souvent prétentieuses élucubrations que l'on retrouve à l'entrée des villes, recyclages de four à pain, de vieilles pompes à eau, lavandes en brosse et autres œuvres ? Celui-ci est niché dans un recoin de la ville, à l'intersection de trois rues le plus souvent désertes et d'une impasse, il joue à être "comme un grand' et le prendre à vélo est un vrai plaisir, comme un tour de manège ! Il ne manque plus que le pompon à attraper pour refaire un tour ! Mais cette simple évocation me file un coup de blues soudain… Quelle tristesse que ce pompon si ardemment convoité, fuyant et virevoltant, promesse d'un plaisir renouvelé et qui se transforme une fois dans la main en une masse molle, poussiéreuse, éteinte, comme une méduse hors de l'eau. Petit apprentissage de la déception… Allez, la prochaine fois que je passerai par là, je ferai deux tours de rond-point, sans pompon, juste pour le plaisir à moi et par moi octroyé de virer sur mon vélo !

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mercredi 18 avril 2007

Chimpanzé version 5



Après ces techniques à risques, je vais m’offrir un petit passage plus serein en renouant avec ma technique favorite: l’aquarelle. Enfin, quand je dis aquarelle... Je ne l’utilise pas tout à fait de manière classique, en réservant des zones de blanc et en jouant de sa transparence et de la luminosité de ses pigments mais plutôt comme une gouache très fine sans les avantages du pouvoir couvrant de ce médium.

Je choisis un papier assez épais, qui supporte bien les passages répétés de pinceaux humides sans gondoler ni pelucher. En effet je multiplie les passages de couleurs, un peu de vert par dessus un gris par exemple, pour leur apporter des nuances, et je repasse souvent sur les tracés avec un pinceau en poils de martre Kolinsky, un vieux pinceau dont je ne trouve pas l’équivalent, à la fois souple et nerveux, pour fondre les contours. J’aime bien quand le papier a perdu son apprêt et permet ainsi ces superpositions fondues qui donnent des teintes très variées. (Vous pouvez cliquer sur l'image du détail pour le voir en grand format)

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mardi 17 avril 2007

Pourquoi ?


Dans la série "questions primordiales": pourquoi est-ce que tous les arbres de cette rue ont le tronc usé jusqu'à une hauteur de 40 cm environ? Une machine de nettoyage qui passerait à des heures totalement indues et subrepticement? Assez petite pour passer entre les arbres et les voitures en stationnement? Une usure lors de la mise en place de cet enrobé poreux et caillouteux qui sert certainement à décourager les chiens pressés ? Ou alors le frottement des cartables des élèves du collège-lycée qui jouxte le trottoir ?

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dimanche 15 avril 2007

Chimpanzé version 4



Dans la série “ressortons les vieilles boites”, voici celle des craies pastels, achetées au hasard, sans but précis, à la faveur de soldes intéressants. De temps en temps, je les sors, je les regarde d’un air dubitatif et je les remise dans un coin. j’ai pris l’habitude de dessiner sur des petits formats, avec des techniques relativement stables, alors ces craies de pastels secs, à la tranche épaisse, ces pigments qui se résolvent en une poudre qui s’envole dès qu’on frotte, voire dès qu’on souffle, c’est un monde tentant mais étranger pour moi. Juste quelques tentatives par-ci par-là.

Mais l’occasion est bonne pour tenter de renouer avec ce médium, avec un papier à la surface très rugueuse, un peu comme du papier de verre très fin. Un bloc de papier tout neuf, c’est tentant... (Vous pouvez cliquer sur l'image du détail pour le voir en grand)

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samedi 14 avril 2007

Chimpanzé version 3



Dans l’optique de cette série de portraits, j’ai découvert de nouveaux outils et supports. Enfin, quand je dis “découvert...”, j’ai le plus souvent sorti de mes placards des boites de crayons achetées sur un coup de foudre et jamais ouvertes ou presque. C’est le cas de ces crayons fusains et de ces crayons pastels, à la mine très tendre. Jusqu’à présent, je préférais les crayons de couleur et l’aquarelle, au rendu plus précis mais l’occasion est trop belle de tenter de faire plus ample connaissance avec eux.

J’ai choisi comme support un papier spécial, à la surface veloutée et au fond coloré, sur lequel les pigments accrochent bien. Avec ce fond gris, je pourrai me pencher un peu plus et mieux sur les zones lumineuses du document de départ. Même si ça fait des heures maintenant que je le scrute, je continue à trouver des zones qui me racontent de nouvelles histoires. (vous pouvez cliquer sur l'image pour obtenir une vue plus précise du zoom sur le dessin)

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jeudi 12 avril 2007

Harmonie en orange



Harmonie en orange, entre la couleur de la sciure qui évoque de la rouille, la tranche de l'arbre et ce bol incongru abandonné sur le tronc… Un peu de gaieté étrange un jour de pluie.

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mercredi 11 avril 2007

Les mystères du lierre



J'ai toujours vécu dans le même quartier de la même ville et je parcours souvent les mêmes itinéraires, à pied ou en vélo. J'essaie de prendre le plus souvent possible mon appareil photo numérique avec moi parce qu'il est rare qu'il n'y ait pas une image qui m'étonne sur ce parcours quotidien ou presque.

En voici une relativement récente: une haie un peu à l'abandon, juste derrière un arrêt de bus, des canisses, du lierre, à 100 m de chez moi. Mais perdu dans la haie, un détail qui fait exploser l'impression de "mille fois vu et revu": un couteau. Un grand couteau, posé là sur le muret. Posé ou caché ? Que fait un couteau à viande dans la rue ? Bien sûr immédiatement l'imagination prend le grand galop, des scenarii de romans policiers surgissent. Je n'aurai jamais la clef de l'énigme mais ce petit bout de coin de rue restera celui "au couteau".

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mardi 10 avril 2007

Chimpanzé deuxième version





Après mon premier essai de dessin avec ces crayons, j’étais restée sur une impression de frustration. Je n’avais pas fini d’explorer ce que me raconte cette photo et le résultat final ne me plaisait pas totalement. Alors j’ai repris les mêmes outils et j’ai recommencé. Cette fois j’ai choisi de me concentrer sur le rendu de la peau du visage, sans me préoccuper du bras ni des doigts ni du fond. Je ne sais jamais si je dois parler de visage ou de face, de nez ou de narines, de main ou de patte, c’est le problème qui apparaît à travailler sur un animal aussi propice à l’anthropomorphisme ! Et c’est ce trouble qui rend ce sujet si intéressant, qui m’amène à chercher où se trouve l’expression de façon moins évidente que sur un visage humain, à jouer avec les ressemblances et les dissemblances.

Comme cette fois je ne comptais pas diluer les pigments avec de l'eau, j'ai changé de papier pour un plus épais et surtout plus lisse. Je voulais garder plus de lumière dans le rendu final, obtenir un surface moins saturée et bouchée que dans le dessin précédent.

(Vous pouvez cliquer sur la deuxième image pour obtenir un zoom plus détaillé)

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lundi 9 avril 2007

Oiseaux



Des petits dessins à la pointe bic, réalisés il y a longtemps sur un carnet.

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Le temps des oiseaux

Sur mon vélo, je parcours mon trajet quotidien. J'entends cet oiseau chanter, quelque part dans un jardin invisible et immédiatement le temps change de texture, il se feuillette et j'en perçois simultanément les couches superposées. Cet oiseau chante, un petit chant de rien du tout pour dire que c'est le printemps, qu'il est là et que c'est chez lui. Par ce simple chant il redéfinit l'espace de la rue de façon différente car ses frontières ne sont pas les nôtres, bornées non pas par les quadrilatères des rues mais par un arbre, un rebord de fenêtre. Que sais-je? En tous cas j'imagine et cette gymnastique d'imagination me replonge dans une succession de sensations et de souvenirs.

Je suis dans le jardin potager, chez mes parents, et je bêche. Jardiner est propice à la rêverie, quand le dos est trop noué, je me redresse et m'appuie sur le manche de cette vieille bêche qui appartenait à mon grand-père, je regarde le jardin autour de moi et je scrute les progrès de mes plantations, j'anticipe sur leur devenir, je constate les heurs et malheurs de mes choix. Trop d'ombre sous cet arbre pour cet arbuste ! Cette plante-là aurait bien besoin d'être taillée ! Je me sens bien, enracinée dans l'histoire de ce petit bout de terrain et multipliée dans la projection de ce que deviendra ce potager. En équilibre. Ma fille aînée est toute petite, tout petit bébé et je passe beaucoup de temps chez mes parents avec elle. Il m'apparaît important que ça se passe ainsi, dans une continuité et une diversité affective. Et je bêche cette terre lourde, argileuse et ingrate, pleine d'espoir pour en faire un jardin pour mes enfants, un jardin avec de l'herbe, des cabanes, un petit bassin pour regarder les poissons rouges et tremper les pieds, un banc pour rêvasser, des framboises, des fraises, des groseilles et du cassis pour le plaisir de la recherche. Un cassissier pour faire le lien avec cette photo où la petite fille que j'étais à deux ans picorait dans le buisson. L'odeur des feuilles de cassis froissées… Intacte !

C'est le printemps et les oiseaux signalent leurs décisions irrévocables de revendication. C'est leur jardin ! Et je les gêne. Ils ont bien repéré ces gros vers blancs que j'ai rejetés sur l'allée en ciment, ces vers blancs qui ont fait dépérir le romarin et la lavande en grignotant leurs racines. Ils les tentent mais ma présence est un obstacle. Je n'ai pas réussi à me réinscrire dans la légende familiale qui veut que mon grand-père "connaissait" un rouge-gorge si familier qu'il venait se poser sur sa bêche, cette même bêche que j'utilise alors. Aussi je préfère m'éloigner, le temps de franchir la porte en fer rouillé du jardin, de regarder d'autres plantes, de boire un verre d'eau et quand je reviens, l'allée est nettoyée de toute larve, de tout asticot! Et les chants ont repris. J'arrive à reconnaître le cri du rouge-gorge, du rouge-queue, de la mésange charbonnière. Ce n'est pas grand-chose mais ça me suffit pour mettre des images sur le son. À les entendre ainsi, je sors des limites du jardin encore potager, je me sens inscrite dans un espace plus grand, qui va jusqu'au ruisseau dont j'entends la chansonnette quand il a plu, plus loin que les maisons qui nous entourent, les jardins sont fondus en un seul espace et je ressens la présence des arbres, des montagnes, de la terre, je me déplie.

Il y a l'espace des pies, la ligne de grands frênes au bord de l'eau, avec leurs nids de branche et leur air si hautain, indifférent et un peu narquois, et leur sale manie de ne jamais laisser admirer les changements de nuance du noir de leur dos. Frustrant ! Il y a l'espace des passereaux, dans les buissons, à ras de terre, aux abords de la mangeoire l'hiver. Il y a l'espace des corbeaux, bien plus haut, bien plus grand. Il y a l'improbable, ce faucon qui tournicote au-dessus de ma tête et me rend incertaine de ne pas être un lapin, après tout ! Les corbeaux en vol ont un air fatigué de ceux qui rentrent du boulot, on peut les comprendre. Mais un rapace, c'est un tel défi à bien des lois que c'est tout autre chose, de très étranger à notre monde. Et puis il y a l'espace des hirondelles, celui qu'elle matérialise avec les pleins et les déliés de leurs tracés dans l'air qui devient palpable, que l'on sent friser sous les ailes qui nous poussent à les regarder voler.

Depuis, ma fille a grandi, une autre fille est née, a grandi elle aussi, et je ne m'occupe plus de ce jardin qui est presque retourné à l'état de friche puisqu'il a été dévasté pour la construction d'une villa avoisinante. Mais chaque fois que j'entends le chant d'un passereau à l'improviste, tout revient. Et plus. Je me dis que c'est un nouveau printemps, que j'ai traversé une année de plus, et je me sens à nouveau en équilibre entre passé et projets personnels et inscrite dans un temps qui continuera sans moi, avec d'autres oiseaux. C'est bien.

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dimanche 8 avril 2007

Chimpanzé première version

Crayons sanguine, ocre, sépia, conté

C'est le premier dessin, réalisé juste après avoir trouvé le document de départ. Je l'ai réalisé très vite, un croquis un peu poussé: trois ou quatre crayons (sanguine, sépia, ocre, noir) et un pinceau pour étendre les pigments sur du papier pour aquarelle. Je voulais retranscrire la première impression ressentie, l'aspect bosselé de la peau du visage, un air étonné, une posture aux bras repliés qui évoque l'attente et l'observation, la curiosité prudente. Avec des teintes brunes et des traits rugueux pour la présence du poil rêche. (Je suppose qu'il est rêche, je n'ai jamais approché de chimpanzé d'assez près pour en juger…).

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samedi 7 avril 2007

Photo de départ


Il s'agit d'une photo d'un des chimpanzés étudiés par Jane Goodall (voici l'adresse du site français de sa fondation: http://www.janegoodall.fr/). Cette photo m'a intéressée à double titre, tout d'abord parce que l'expression du singe est très nuancée et liée à de multiples détails (la posture de la main, le sourire, l'inflexion des sourcils, l'ouverture du regard), d'autre part parce que les textures sont très variées, entre la peau ridée autour des lèvres, les poils hirsutes sur le côté de la tête, lisses sur le dessus et la peau tendue des doigts. Et de plus, je trouve ce singe très sympathique, j'ai eu du plaisir à explorer son image pendant quelques jours.

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vendredi 6 avril 2007

Chimpanzé

montage de neuf dessins

Voici le thème de mes derniers dessins, une variation autour du même document, une photo de chimpanzé par Jane Goodall. Cette photo m'a tellement tentée par le mélange d'animalité et d'humanité dans le regard et la posture de ce singe que je l'ai traitée d'une dizaine de façons différentes (toutes ne sont pas finies…). J'ai scanné les étapes au fur et à mesure de la réalisation de ces dessins pour pouvoir raconter ce qui me passait en tête en dessinant, les difficultés, les plaisirs, les erreurs et les errances. Certains sont réussis d'après ma jauge personnelle, d'autres ne le sont pas, mais m'atteler ainsi à cette série m'a appris beaucoup de choses sur le dessin et ma façon de le pratiquer. Et surtout ça m'a donné envie de tenter de changer encore de regard pour arriver à une plus grande légèreté dans le trait et le traitement. Je ne sais plus quel peintre disait (Matisse? Je ne sais plus) que le métier de peintre, c'est difficile les quatre-vingt premières années… Dessinatrice, c'est sans doute la même chose, certainement d'ailleurs ! Quand j'aurai enfin la main qui tremble et le regard flou, peut-être que j'arriverai à me détacher du rendu des poils et des plumes… En attendant ce jour encore lointain, je vous montrerai petit à petit les différents dessins et leurs étapes. Une invitation à un mini-voyage.

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