vendredi 13 juillet 2007

Le retour de la connexion prodigue

"Oui, c'est bien moi. Oui, c'est pour quoi? Dépêchez-vous, je suis pressée. C'est ça, rappelez-moi. Non, je ne sais pas quand, vous verrez bien."

C'est en ces termes fort peu amènes que j'ai plusieurs fois accueilli des démarcheurs de mon fournisseur d'accès Internet, allant jusqu'à déléguer ma fille aînée pour leur aboyer dessus lors de leurs appels aux heures des repas. Jusqu'au moment où ils ont éventé ma ruse en appelant un matin vers 10 heures, période durant laquelle ma naïveté du matin est encore tout fraîche éclose. Bref, je décroche, je finis par écouter la charmante demoiselle m'expliquer qu'en raison de ma longue fidélité à leurs services (ma flemme insigne de comparer et de chercher un autre fournisseur en fait), mes pauvres tout petits 512 K vont passer à des 8 M et que comme ça je pourrais télécharger bien plus rapidement. M'en fous, je télécharge pas, mais par contre j'aime bien envoyer des photos et je suis un peu lasse de devoir les glisser une par une dans l'ADSL. Je rengaine donc ma morgue et j'accepte, ce qui en fait revient à accepter de leur rester encore un an fidèle comme pas possible mais ça convient tout à fait à ma flemme déjà citée.

Résultat de cette accord: depuis trois jours, je n'ai plus accès à Internet et apparemment il faut que j'attende encore jusqu'à mardi soir en espérant que ce soient eux qui se sont mélangés les tuyaux. Arghhhhh… Bon. Je reste zen. Internet ne fonctionne plus, je vais donc appeler les services du fournisseur en question. Tiens, si j'allais voir directement sur leur site??? Et non, benête… Bon. Et si j'en profitais pour mettre à jour mon blog??? Et non, crétine… Bon, bon, bon. Et si je mettais à jour mon courrier en retard? Stupide engeance! Ou alors, si j'écoutais les émissions de radio sur le site de France Inter? Rahhhhh, mais c'est pas vrai ça! Bon, tant pis, je vais voir si le monde continue à tourner sans moi sur les sites d'information. Et hop, le nez contre la porte claquée. Bang! Puisque c'est comme ça, je vais aller me plaindre auprès de mes amis par messagerie interposée. Et non… Alors je vais regarder sur le site de la Poste si le dossier d'inscription de ma fille aînée est bien arrivé à destination. Nuttt, erreur! C'est comme quand les plombs sautent et qu'on veut allumer le plafonnier pour chercher la lampe de poche…

Alors je tourne en rond et je regarde d'un œil torve les lumières clignotantes du modem et la pluie au dehors qui me confine dans un intérieur muet de l'écran. Quel ennui… J'ai fini mon œuf-mappemonde et je ne peux même pas vous le montrer, alors je le recouvre de vernis soigneusement, ça fait passer le temps et je rumine des projets de chamboulement dans la chambre et le salon. Dès que ma cheville sera réparée! Et je vais entreprendre la re-reliure d'un vieux manuel des bonnes manières, complètement décousu et corné, histoire de lui redonner un peu de jeunesse et de solidité. Comme ça je vais enfin me servir de Massimo, mon massicot, pour rogner les feuilles et les mettre d'équerre, puisqu'elles ont été découpées à la va-vite par une lectrice avide d'enfin savoir si l'on doit appeler le Duc d'Orléans Monsieur ou Son Altesse Royale.



Handicapée du pied, de la météo et d'Internet: été pourri… Heureusement qu'il y a un tout petit chat qui prend mon orthèse de cheville pour tronc d'escalade, ça me faire rire!

Si je veux suivre l'adaptation des Liaisons Dangereuses ce soir sur France Culture, avec Jeanne Moreau et Sami Frey (orthographe??? Je ne peux même pas demander à Internet…), il va falloir que je me prépare un litre de thé, sinon je vais m'endormir avant la fin. J'écouterai en faisant un nouveau bidule en laine feutrée, ça m'empêchera d'avoir les mains qui tremblent du fait du manque!


/…/

Je viens d'écouter l'interprétation de Quartet de Muller, cette réécriture des Liaisons Dangereuses et c'était un excellent moment. Le fait d'avoir lu cette œuvre il y a quelques mois, d'avoir regardé une des versions filmées, m'a sans doute aidé à suivre cette lecture à deux voix pour quatre personnages.

Voilà un des plaisirs de l'été (et du célibat…): écouter tardivement du "chiant" à la radio, découvrir des musiques improbables au gré des retransmissions de festivals, vivre la nuit par les oreilles.

Bonne et mauvaise nouvelle, je viens d'apprendre que je ne suis pas la seule dans la rue à être privée d'Internet. Bonne nouvelle parce que ça signifie que ce n'est pas ma connexion qui est en cause, mauvaise nouvelle parce que ça peut aussi vouloir dire que c'est un problème plus général et à résolution aléatoire. Je sens que je vais demander l'asile internétien à mes parents!

Ce qui me manque le plus, c'est peut-être l'intervention de l'aléatoire dans ma journée. Me voici seule ordonnatrice de mes activités, à ne plus guetter l'apparition de mon correspondant préféré sur mon écran, à ne plus guetter un message dans ma boite aux lettres en réponse à mes courriers, à ne plus vérifier si untel ou unetelle a posté sur son blog. Je ne peux plus laisser fuir le temps dans le tuyau du modem, toutes les heures sont à moi, de moi, par moi et ce tête-à-tête m'ouvre d'autres portes longtemps négligées, m'amène à me tourner vers des activités plus génératrices de traces, moins entrecoupées, comme cette envie de retourner à la reliure, de réorganiser mon espace personnel maintenant que mon regard se détourne de l'écran.

Suis-je si intoxiquée que ça? Vous le saurez en suivant les aventures d'Hélène au pays du réel!

/…/

Quatrième jour sans Internet. Au saut du lit, j'ai appelé France Telecom pour tomber directement sur un message enregistré signalant que suite à des intempéries dans le département, le réseau téléphonique est affecté pour une durée indéterminée. Ah… L'orage monstrueux qui a réveillé tout Grenoble la nuit précédente et la pluie quasiment permanente de ces derniers jours n'a rien dû arranger. Bon… Prendre son mal en patience… Oui… D'accord… Puisque c'est ainsi, je vais changer d'intoxication et me remplir les narines de la douce odeur du vernis pour faire briller l'œuf d'autruche!

Voilà qui est fait, j'en suis à la deuxième couche (par endroits) et ça commence à rendre l'effet que je recherchais puisque les surépaisseurs de papiers superposés par endroits sont fondues dans le vernis. Encore deux ou trois couches et j'aurai peut-être l'effet "vieille mappemonde" que j'aimerais obtenir, accentué par la teinte légèrement ambrée du produit.


Maintenant, je retourne à mon vieux livre à remettre en forme. J'ai ôté la vieille colle au dos des cahiers, décousu le tout, remis les pages d'équerre, recollé les pages déchirées avec un papier adhésif "spécial archives", fait les entailles au dos, il ne me reste plus qu'à recoudre le tout.


En retournant à mon nouveau projet de laine feutrée, je retrouve intact les sensations éprouvées hier soir en écoutant la radio. J'ai beau connaître ce phénomène à l'avance, ça reste une surprise, c'est comme si les émotions avaient été entremêlées en même temps que la laine. Et si je secouais chaque dessin que j'ai fait, est-ce que je retrouverais en petit tas les souvenirs qui y sont liés? Ce serait bien… ça me fait penser à mon vieux rêve d'un "stylo magique" qui contiendrait un roman inconnu déjà écrit. En le posant sur le papier, on verrait les phrases se dérouler, avec l'écriture de l'écrivain, son rythme, ses ratures.


Je pose un peu tous mes projets et je vais aller voir dehors si la vie existe: ma copine Sylvie vient me chercher tout à l'heure et je passe la journée et la soirée chez elle. Ce qui implique quelques préparatifs si je veux laine feutrer là-bas tout en papotant et peut-être même poster le début de ce feuilleton sur ce blog. Et… et… chez elle je pourrai enfin consulter mes mails!!!!

/…/

Cinquième jour sans Internet. Me voici de retour chez moi, avec un jaguar en laine feutrée bien avancé, de nouvelles plaques de feutrine pour réaliser des projets de plus grande taille. J'ai pu consulter mes mails, répondre succinctement aux plus urgents mais entre temps il a pu en arriver d'autres. La plaisanterie commence à avoir assez duré et je n'ai toujours pas pu mettre à jour ce blog, mes dix visiteurs par jour doivent être inquiets (on peut toujours rêver…).


Je vais finir ma couture de livre, interrompue hier par l'arrivée de Sylvie et puis essayer ma deuxième série de craies aquarellables avant d'envisager mes projets de chamboulement total de deux pièces de l'appartement. L'an dernier j'ai crépi le salon avec une épaule bloquée, cette année je déménagerai les meubles avec une cheville capricieuse, c'est tellement plus amusant comme ça!


"Nous vous remercions de bien vouloir patienter, un conseiller va prendre votre appel"… Je vous épargne la litanie des répétitions de ce message pendant un quart d'heure, j'ai fini par obtenir quelqu'un en ligne et vendredi 13 (je croise les doigts) un technicien vient ausculter la bête. Pourvu qu'il trouve l'origine de cette panne!!!!

/…/

Ça y est, au bout d'une semaine la connexion est enfin revenue. Une sombre histoire de rallonge qui aurait rendu l'âme sans prévenir semble-t-il. Très bête donc. Et me voici prise en flagrant délit de médisance sur mon fournisseur attitré de connexion, j'en bats ma coulpe (private joke inside). Je vais donc enfin pouvoir mettre ce blog à jour, il serait plus que temps…

J'y vais de ce pas! Et tout d'abord, le jaguar terminé (il a même des moustaches en fil de nylon...):


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6 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

bonjour!
1) (prononcer "petit'un") j'aime votre ecriture

2) (prononcer "petitdeu") j'aime vos laines léopard ou pas.

3) (euh..oui, aussi!) Cessons la violence contre les coulpes! ne battons plus les coulpes!!

4)(prononcer "peuticat" ou quatro?) merci internet!

13 juillet 2007 à 23:32  
Blogger Hélène a dit...

Pitiun, cher anonyme, le jour où les coulpes cesseront d'avoir l'air fourbe d'un Jiminy Criquet obtus, je cesserai de les battre. Au passage, une question m'assaille, de bon matin, en lâche qu'elle est: pourquoi dit-on "battre comme plâtre?"

Pitideu, j'ai préparé un suuuperbe encadrement pour le léopard que c'est un jaguar(ça doit se différencier à la couleur de la truffe, peut-être?)et une tache de flotte l'a abimé lors de la dernière ligne droite. Moralité, l'eau c'est le mal.

Pititroi, je vais me préparer un café et reprendre cet encadrement parce qu'à partir de maintenant, c'est un combat sans pitié entre lui et moi. Et je compte bien gagner!

Piticat, oui, vive Internet!!!!

14 juillet 2007 à 08:18  
Blogger planeth a dit...

oua mais c'est un truc de ouf ta tête de jaguar là, comment tu fais ça, c'est magique, c'est tout plat pi pouf c'est tout en relief! diiingue!
bienrevenue dans le monde des intox du net en tous cas, mouarf!(j'adore le coup de la rallonge qui pête, pendant qu'on injurie extrêmement malpoliment tous les gensses là dans la boite qui clignote!)
on a été (pas finalment à grenoble t'as du t'en rendre pas compte ;0)) vers le puy en velay, un pays qui t'aurait plu, la chaise dieu, j'ai de la famille par là-bas, j'aime trop ce pays...f'rai pitêt un billet )

14 juillet 2007 à 16:13  
Blogger Hélène a dit...

Toutes les personnes qui m'ont parlé de la Chaise Dieu l'ont fait avec des trémolos dans la voix, ça donne envie! Et le contraste avec la Corse doit être saisissant, non?

15 juillet 2007 à 18:20  
Blogger planeth a dit...

ben t'as juste l'impression d'avoir changé de planète! ;0D bon je va voir toutes tes explications jaguar!

15 juillet 2007 à 19:38  
Blogger Hélène a dit...

C'est certain que le passage de la station balnéaire à un haut lieu religieux... ça doit dépayser!

15 juillet 2007 à 19:57  

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