dimanche 13 mai 2007

Peau et couverture


Pourquoi bon sang a-t-on prévu des parties surbaissées sur ces rebords en ciment alors que rien ne permet l'accès à ce carré de terre, coincé entre un trottoir et des voitures en permanence? Et de toutes façons, accéder pour quoi faire? Avec quel engin?

Cette photo a été prise vers Noël, il y a quelques indices: une branchouillette de sapin, deux petits cônes qui ressemblent à s'y méprendre à des crottes de chien (une ruse de la sélection naturelle pour éviter qu'ils se fasse grignoter par d'éventuels écureuils de ville?). Le sol est tellement détrempé, tellement tassé, que le tronc semble surgir d'une flaque de boue plus que s'enraciner dans de la terre. Quelques racines "surnagent", dernières possibles évocations d'une promenade en sous-bois. Ces arbres de villes font partie de ce que j'appellerais les "petits mondes improbables". Dans quoi poussent-ils? Comment poussent-ils sans recevoir d'eau ou presque? Le sous-sol d'une ville est-ce encore de la ville? Des tuyaux, du macadam, de la ville quoi? Bien sûr, je sais que non, il suffit de voir une tranchée dans la rue pour voir que tout ceci n'est qu'une peau mais de le savoir ne permet pas automatiquement de le ressentir, sauf quand je vois ces arbres, qui sortent de ces carrés de ciment comme des cils qui sortiraient de trous qui seraient des pores.

Ça me fait penser aux montagnes. Quand la forêt qui couvre le Néron a brûlé l'année de la canicule, il n'est resté pendant un temps qu'un monticule (quoiqu'il veuille faire croire, le Néron n'est pas bien haut) chauve, blanc, le temps que la végétation recommence à pousser. Et j'ai alors réalisé "pour de bon" qu'une montagne est faite entièrement de roche, si si!!! Alors que jusqu'à présent, cette montagne si familière, je la voyais plutôt comme un mille-feuilles de forêts à la base, et de roches au sommet. Et non, ce n'était que la fourrure de la bête… Et s'il était admissible qu'une montagne en partie molle, en partie dure, se soit plissée et soulevée ainsi il y a des gnillions d'années (au moins), ça devenait beaucoup moins envisageable devant ce bloc, fendillé certes mais un bloc quand même.

Beaucoup de naïveté pour une seule personne, me direz-vous, mais c'est cette même naïveté qui me donne envie de dessiner, de deviner ce qu'il y a sous les poils, les muscles, la structure, pour ensuite pouvoir les mettre en place, un par un ou presque et retrouver l'apparence, la restituer.

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2 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

"arbrours" c'est de toi? il est comme ça en vrai, coupé je veux dire? je trouve ça génial.on est plus du tout dans l'illustration là, comme auraient dit mes profs aux beaux-arts: y a un vrai propos! :0))

13 mai 2007 à 09:31  
Blogger Hélène a dit...

Oui, "arbrous" est un de mes dessins, non, il n'est pas coupé au départ mais je m'avance petit à petit vers ce genre de propos justement, assouvir justement mon goût du détail, du zoom. J'ai déjà fait un dessin de naseaux de cheval comme ça, là je guigne un gros plan sur une tête de boeuf musqué et les papattes du chat étaient un peu dans cet esprit. En fait je crois que je dessine ce que j'aurais aimé voir de près quand j'étais chtiote, comme ces études de peintres du 18° ou 19° siècle, ces feuilles où surgissaient pêle-mêle un bras, une tête, un pli de vêtement, le tout vivant et indépendant et si évidemment un simple assemblage de traits que c'en était de la vraie magie pour moi, cette présence par si peu.

13 mai 2007 à 09:42  

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