jeudi 16 août 2007

Guide des convenances, suite

À la demande unanime d'une personne, je continue ma retranscription de ce Guide des convenances. Vous me remercierez le jour où vous serez invités dans le grand monde!

Les accidents du jeune âge et leurs remèdes: (…) le plus petit, à moitié guéri de sa chute, s'empare du beau cheval de bois verni en rouge, lui suce l'oreille et s'empoisonne (déjà les importations de jouets chinois?). Si l'on avale une guêpe en mordant dans un fruit ou en buvant, il suffit de mâcher un oignon cru et d'en avaler le jus. Pour calmer la douleur d'une brûlure, on emploiera de la vaseline mélangée de chlorhydrate de cocaïne dont l'action anesthésique est assurée.

Comment élever les enfants: Ce (les garçons) ne sont plus des enfants, mais de petits sauvageons (…) guidés uniquement par leur besoin d'activité animale. Que le petit garçon gardé au salon (peu d'instants seulement) sache se contenir; qu'il tende la main, qu'il réponde gentiment aux questions qu'on lui pose, sans réclamer sa trompette ou sa toupie (ou sa dose de chlorhydrate de cocaïne). Maintenant les filles: Elle a peur de tous les nouveaux visages, se cache dans la jupe de sa mère, comme un petit animal sauvage, lorsqu'on veut s'en approcher et si, par hasard, on y parvient, s'enfuit en poussant des cris de désespoir.

La bonne d'enfant: Les domestiques doivent dire en parlant des enfants de la maison: "le potage de mademoiselle est servi. – Le professeur de Monsieur Pierre est arrivé. – Monsieur le baron est attendu. – Madame fait demander mademoiselle Fernande." Ils devront parler aux enfants à la troisième personne. Ils ne leur remettront rien de la main à la main; une tartine de confiture, un morceau de pain, un verre de lait, seront présentés sur un plateau. Si la bonne appartient à une province dont le costume est pittoresque et attrayant, on lui conserve son costume national (?) avec le tablier inhérent à ce costume.

Instituteurs, institutrices, professeurs, gouvernantes: On ne remet pas au professeur l'argent de la main à la main, on le lui remet sous enveloppe fermée. Il est de toute convenance que la mère assiste aux leçons données à sa fille lorsque le professeur est un homme; elle peut assister à quelques-unes des leçons données à son fils, pour s'instruire. Rien de plus beau qu'une mère de famille apprenant péniblement les déclinaisons latines pour pouvoir être utile à son enfant. (…) S'il s'agit d'une maîtresse de piano, on pourra réclamer son aide dans un concert, un bal; mais il faudra avoir soin de rémunérer ses services. Elle s'habillera de la même manière que les autres invités, mais avec une note discrète et sobre. Au bal, si on l'invite à danser, elle refusera. L'institutrice attachée complètement à une famille (…) est tout à fait en dehors du train ordinaire de la maison. Pour que les domestiques ne la confondent point avec l'un d'eux, il suffit qu'elle s'en distingue nettement par sa tenue et sa discrétion; on se met plus sûrement au-dessus d'eux par la réserve et la douceur que par une morgue insolente. Il leur serait d'ailleurs trop facile de faire sentir à l'institutrice qu'elle est une gagée comme eux. L'institutrice qui est jeune, de bon monde, éprouve le besoin de faire une seconde famille et elle est tentée d'oublier vite qu'on la paie, elle risque de se le voir rappeler un jour. Elle ne doit pas être obséquieuse ni servile, simplement complaisante et effacée; elle ne cherchera point à briller par une conversation spirituelle, à rire, à se mettre en avant. Elle attendra patiemment qu'on l'interroge, qu'on lui offre d'un plat, qu'on la prie de lire, de jouer, de chanter, et elle s'excusera avec douceur. Elle fera bien de se retirer dans sa chambre chaque fois que le devoir ou la politesse le lui permettront.

J'arrête là pour aujourd'hui, je vais crier un peu par la fenêtre et desceller quelques pavés.

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3 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Bonjoir!

je me demande si je ne préfère pas le manuel de civilité de Pierre Louÿs...? (désolé, quand les pavés font défaut, il reste l'humour, même douteux!)
Enfin, on peut comprendre pourquoi, certain(e)s, se sont énervé(e?)s!
Baise-main de sans-culotte,
le Gars Vroche

16 août 2007 à 22:58  
Blogger Hélène a dit...

Le gars Louÿs (pratique à écrire ça, comme nom...), il avait un peu un autre usage des dentelles, non???
Révérence de "merveilleuse" (j'ai vérifié sur Internet, c'est bien le terme) devant le monsieur "incroyable".

17 août 2007 à 19:00  
Anonymous Anonyme a dit...

Это есть наш последный и решительный бой, с интернационалом воспрянет род людской !

18 août 2007 à 12:19  

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